dislocation

Dans ce Numer où j'erre, je suis dislocation.
Décharnement.
Saignée.
Eclats de souvenirs.
Les miens et ceux de tous.
Indistinction. Non : distinction absolue.
Chaque particule m'est conscience. Torture.
Le mot n'est plus extraction. Je n'existe plus. Je suis verbe.
Sans extase ni sérénité. Sans rien. Comme l'eau est eau.
Le chiffre, chiffre.
Où est mon souffle ?


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Loula-Ludivine

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : 1

Textes satellites : aucun

sortants

> changer les liens

le jardinier

D'un coup, le garçon est réveillé, il frotte ses yeux pour les débarrasser du sommeil et regarde autour de lui. Tout près, se dresse un mur de la hauteur d'un homme et, au-dessus, il voit des arbres qui ploient sous les fruits.

Tout d'abord cela lui semble étrange. Il n'y avait pas d'arbres fruitiers ici quand il s'est endormi. Mais tout de suite la mémoire lui revient et il sait ce qu'est ce jardin.

Le plus étrange, c'est peut-être qu'il n'éprouve aucune crainte mais ressent au contraire une irrésistible envie de pénétrer dans le jardin. Ici, en haut de ce sapin où il dormait, tout est sombre et froid, mais dans le jardin tout resplendit, c'est comme si les fruits et les roses flamboyaient sous le soleil. Lui qui a tant voyagé dans le froid et le mauvais temps, ça ne lui fera pas de mal de sentir un peu de la chaleur de l'été.

L'entrée dans le jardin ne semble pas poser de difficultés non plus. Juste à côté du sapin, une porte a été ménagée dans le mur, dont le vieux jardinier vient juste d'ouvrir la grille. En ce moment, celui-ci se tient devant la porte et scrute la forêt, comme s'il attendait quelqu'un.

En un clin d'œil le garçon descend de l'arbre. Il s'approche, le bonnet à la main, s'incline et demande s'il lui serait possible de visiter le jardin.

"Bien sûr que c'est possible, répond le jardinier d'une voie bourrue. Il n'y a qu'à entrer!"

Puis il referme la grille et la verrouille avec une large clé qu'il glisse sous sa ceinture tandis que le garçon l'observe. L'homme a un visage rêche, avec de larges moustaches, une barbiche pointue et une nez pointu. S'il ne portait pas son tablier bleu de jardinier et ne tenait pas une lourde pelle à la main, le garçon le prendrait pour un vieux soldat.

Le jardinier pénètre dans le jardin en si longues enjambées que le garçon doit courir pour le suivre. Ils enfilent une allée étroite et, comme le garçon marche par inadvertance sur le bord de la pelouse, il se fait immédiatement réprimander pour avoir piétiner l'herbe. Dès lors, il suit son guide au pas de course.

Le garçon sent que le jardinier s'estime bien trop bon de montrer son jardin à un avorton comme lui, il n'ose donc rien lui demander et ne fait que le suivre en courant. Immédiatement derrière le mur s'étend une haie très épaisse et, après l'avoir traversée, le jardinier raconte qu'il l'appelle Kolmarden. "Oui, vu sa taille, elle mérite bien ce nom", répond le garçon. Mais le jardinier ne prête aucune attention à ce qu'il dit.

Ils sortent donc des buissons et le garçon découvre une grande partie du jardin, mais s'aperçoit aussi qu'il ne s'étend pas sur plus de quelques petits arpents. Le mur le protège au sud et à l'ouest mais au nord et à l'est il est entouré d'eau, si bien qu'une clôture serait superflue.

Comme le jardinier s'est arrêté pour attacher une plante grimpante, le garçon a le temps de regarder autour de lui. Il n'a pas vu beaucoup de jardins dans sa vie mais il croit comprendre que celui-ci est différent de tous les autres. Il a dû être dessiné à la mode de l'ancien temps, car de nos jours on ne voit jamais cette abondance de petits tertres, de petites plates-bandes, de petites haies, de petites pelouses, de petites tonnelles. Ni ce fourmillement de petits bassins et de canaux qui serpentent et l'entourent de toute part.

Partout se dressent les arbres les plus fiers et les fleurs les plus merveilleuses, et l'eau des petits canaux est tantôt claire, tantôt d'un vert foncé qui miroite. Et le garçon se dit que tout cela ressemble à un paradis. Il bat des mains et s'écrie: "Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau. Mais quel est donc ce jardin?"

Il a crié cela à haute voix et immédiatement le jardinier se retourne vers lui et, de sa voix bourrue, lui répond: "Ce jardin s'appelle le Sörmland. Qui es-tu pour ne pas le savoir? Il a toujours été considéré comme l'un des plux beaux du pays".

(Pierre a beaucoup voyagé avant de rencontrer Loula)


Type de document : chroniques de Kiméria

Auteur fictif : R-dj

Auteur réel : Selma Lagerlöf

Provenance du texte : Liste de l'éducation nationale

Référence : Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.

.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.