numérique et baroque

Le numérique s’apparente à l’eau car, comme l’élément liquide, il est "ailleurs", dérive, menace de noyade et d’immersion, il est aussi "passage" vers d’autres rives ou possibilités de communication. Il porte ainsi la dualité bénéfique/néfaste constitutive, selon Monsieur Bachelard, de la "matière poétique" (joies et peines).

Je considère et traite également le baroque comme une matière poétique dans son ambivalence entre la touchante irrégularité et l’insensée bizarrerie, dans son oscillement entre songe et réalité.

Numérique et baroque hantent mes références imaginaires et – curieusement –se rejoignent.


Type de document : DJ's classes : récits variables

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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la classe

Ayant jeté un coup d'œil sur les cahiers des deux petites filles, la maîtresse eut une moue qui les inquiéta un peu. Elle paraissait douter que leur solution fût exacte. "Voyons, dit-elle en passant au tableau, reprenons l'énoncé. Les bois de la commune ont une étendue de seize hectares…"

Ayant expliqué aux élèves comment il fallait raisonner, elle fit les opérations au tableau et déclara:
"Les bois de la commune contiennent donc quatre mille huit cents chênes, trois mille deux cents hêtres et seize cents bouleaux. Par conséquent, elles se sont trompées. Elles auront une mauvaise note.
-Permettez, dit la petite poule blanche. J'en suis fâchée pour vous, mais c'est vous qui vous êtes trompée. Les bois de la commune contiennent trois mille neuf cent dix-huit chênes, douze cent quatorze hêtres et treize cent deux bouleaux. C'est ce que trouvent les petites.
-C'est absurde, protesta la maîtresse. Il ne peut pas y avoir plus de bouleaux que de hêtres. Reprenons le raisonnement…
-Il n'y a pas de raisonnement qui tienne. Les bois de la commune contiennent bien treize cent deux bouleaux. Nous avons passé l'après-midi d'hier à les compter. Est-ce vrai, vous autres?
-C'est vrai, affirmèrent le chien, le cheval et le cochon.
-J'étais là, dit le sanglier. Les arbres ont été comptés deux fois."

La maîtresse essaya de faire comprendre aux bêtes que les bois de la commune, dont il était question dans l'énoncé, ne correspondaient à rien de réel, mais la petite poule blanche se fâcha et ses compagnons commençaient à être de mauvaise humeur.
Si l'on ne pouvait se fier à l'énoncé, disaient-ils, le problème lui-même n'avait plus aucun sens. La maîtresse leur déclara qu'ils étaient stupides. Rouge de colère, elle se disposait à mettre une mauvaise note aux deux petites lorsqu'un inspecteur d'académie entra dans la classe.

D'abord, il s'étonna d'y voir un cheval, un chien, une poule, un cochon et surtout un sanglier.
"Enfin, dit-il, admettons. De quoi parliez-vous?
-Monsieur l'inspecteur, déclara la petite poule blanche, la maîtresse a donné avant-hier aux élèves un problème dont voici l'énoncé: les bois de la commune ont une étendue de seize hectares…"
Lorsqu'il fut informé, l'inspecteur n'hésita pas à donner entièrement raison à la petite poule blanche. Pour commencer, il obligea la maîtresse à mettre une très bonne note sur les cahiers des deux petites et à effacer les zéros de conduite du cochon et du sanglier. "Les bois de la commune sont les bois de la commune, dit-il, c'est indiscutable." Il fut si content des bêtes qu'il fit remettre à chacune un bon point et à la petite poule blanche, qui avait si bien raisonné, la croix d'honneur.

Les deux petites filles rentrèrent à la maison, le cœur léger. En voyant qu'elles avaient de très bonnes notes, les parents furent heureux et fiers (ils crurent aussi que les bons points du chien, du cheval, de la petite poule blanche et du cochon avaient été décernés aux deux petites). Pour les récompenser, ils leur achetèrent des plumiers neufs.


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Griot Farceur

Auteur réel : Marcel Aymé

Provenance du texte : Liste de l'éducation nationale

Référence : Le problème

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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