quand tu t’es dissoute

Capitaine L
Quand tu t’es dissoute, où es-tu allée ?

Loula
Dans le pays où toutes les phrases prononcées finissent leurs jours. Gelées.

Capitaine L
Je connais ce pays.

Loula
Je cherchais les mots d’amour de P’tit Gars. Ne les ai pas trouvés.

Capitaine L
Tout ne se dit pas.

Loula
Les miens en revanche, ils étaient là. Ils pendaient comme des stalactites. Des larmes effilées.

voix II
Silence

Loula
Et puis j’ai cherché les autres paroles, celles qu’il lui disait à elle. La diaphane.

Capitaine L
Bien sûr ...

Loula
Elles montaient. Réelles et fortes. Stalagmites. Je les ai caressées, effleurées. J’aurais pu si facilement les briser. "Ne les brise pas" je me disais comme un vent glacé, "ne les brise pas"

Capitaine L
Je croyais que tu ne savais pas lire ...

Loula
Une sentence de glace ne se lit pas. Elle n’est pas figée. Elle est en attente, elle est nue.

Capitaine L
Comme toi.

Loula
Serais-je moi aussi une phrase, une simple et pauvre petite phrase, prononcée et gelée ?

voix I
Silence

Capitaine L.
M’as-tu vue, moi, dans ces terres si froides ?

Loula
Sculpteure de l’écrit. Oui. Statue.


Type de document : minutes des mémoires absolues

Auteur fictif : Les Greffiers

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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