vos mots

Quand j'écris, je ne veux pas de narration, de fiction, de récit. Mon propos est ailleurs. Radicalement. Essentiellement. Mon propos est l'anodin, la restitution, la captation, l'instantané.
Polaroïd du ressenti, du vécu.

Ecrire jusqu'à l'ivresse, jusqu'à en oublier la faim, le sommeil ou la solitude.

Ecrire jusqu'à me perdre dans cette voix qui me dicte chaque mot, ne voir que la plume, la main droite qui impulse le sillon toujours inespéré, la main gauche qui repose comme un chat sur la page du cahier et dont l'ombre seule me rappelle encore que le temps existe, n'entendre que le crissement du papier Moleskine, et redouter qu'un instant - à peine - qu'un instant plus tard, la phrase s'arrête, c'est certain, je ne peux pas écrire sans cesse toute la vie, toute l'éternité même si je peux écrire jusqu'à ma mort.

Vivre au présent dans la lettre, le mot, le syntagme.

Je suis mécontente. Vos mots se font languir. Je n'ai pas eu de vos nouvelles depuis très longtemps. Faudra-t-il que j'aille en Toscane venir chercher moi-même votre lettre ?

Au Dottore Pi


Type de document : correspondances

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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Pierre dit P’tit Gars

Enfant, Pierre faisait de drôles de rêves qui duraient très longtemps. Il voyageait dans un univers parallèle, un Paris imaginaire, et il y retrouvait Loula. Loula, louna. Lou la Divine. Et puis les rêves se sont arrêtés. Il a appris un métier, il s'est marié, il a eu un enfant.

Pourtant, de temps en temps, comme à fleur de regard ou de peau, il a l’impression de sentir qu’il existe autre chose et que Loula est là. Près de lui.

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