cupcakes

Robe à volants.
Mauve.
La taille est gracieuse, la silhouette se profile en arabesques,
des arabesques ébauchées en un autre temps,
un temps qui n'a jamais existé.

Un temps coloré -rose, bleu, mûre, caramel et chocolat-,
aux odeurs de beurre fondu et de génoise bombée.

Elle virevolte entre le robot ménager et le four,
douille en main et spatule à la ceinture.
Elle dresse le glaçage et chante des airs de music hall.
Sa voix de soprane navigue,
elle plonge dans les graves du swing,
elle se dédouble, s'élance et se sublime.

Cette nuit,
elle n'en avait pas dormi :
l'aventure alchimique l'attendait...

Elle était prête à tout,
à marcher dans la ville enneigée pour dénicher de la crème de tartre et du bicarbonate, à tourner, œuvrer, battre, monter et bain-mariner, à s'isoler loin des messageries instantanées —,
elle était prête à mobiliser tout ce qu'elle était
mais elle devait finir cette journée avec
une fournée de cupcakes bigarrés
digne de Terry Gilliams, de Wes Craven,
de Dave McKean, de Caro et de Jeunet.
Quelque chose en dépendait, elle le sentait, elle le sent,
Quelque chose de vrai

Moi, je suis au spectacle.
Dermiquement et attentivement.
Je hume, j'écoute,
je dérobe une scène,
j'exulte.

Dans la pâtissière, je vois une reine,
une orfèvre du rêve,
une artiste,
une peter pan du 12e,
une révolutionnaire du réel,
une avant-gardiste du multiplexage enchanté,
une tisseuse des espaces entremêlés...


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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hier je citais

Hier
Je citais les rues
Le long de mes songes et randonnées


Je les invente
Quand je les nomme
Quand je les pense

Ai-je gagné,
Ai-je perdu ?

De ce jeu où –
Dans l’irréel je vivais,
Tremblante et poussiéreuse
Et par le réel je succombe –
Qu’ai-je emporté
Si ce n’est moi-même ?

Ici
Aux carrefours des trajectoires
Je suis si seule

Qui peut entendre un chantre numérisé e
Qui peut l’atteindre ?

Cet infini glisse
Comme mille dunes
Comme tant d’eau

Et je ne flotte ni ne disparais

En ma poitrine
Les hallalis bruissent
Acérés
Etouffés

Qui
Ecoutera le chantre
Par ses chimères exilé ?

Qui
Saura
La consoler ?

Rendre son âme
A son récit inachevé.


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Loula-Ludivine

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : 1

Textes satellites : aucun

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