poudre aux yeux

La démocratie participative, c'est une démocratie de vitrine. De la poudre aux yeux.

Les conseils n'ont qu'un pouvoir consultatif. Ils ne décident pas.

Au final, quelle que soit la volonté des habitants, c'est l'élu qui n'en fait qu'à sa tête.

Il y a malheureusement un gros décalage entre les gens qui prennent les décisions et les gens qui font vivre les projets dans la ville.

Mais quand même, venant du Sud, je trouve que c'est déjà très bien ce qui se fait ici.
Parce qu'en Méditerranée, les politiques locales sont encore beaucoup plus muettes, sourdes et aveugles. Quoi qu'en disent les Parisiens.

Parce que chez nous il faut encore plus crier, lutter, être patients.

C'est pour ça que je suis venu au Printemps de la Démocratie. Pour voir comment ça se passe à Paris.


Type de document : archives des résistances (XIU)

Auteur fictif : Anonyme

Auteur réel : anonyme

Provenance du texte : Printemps de la Démocratie

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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les deux leurres

Les deux leurres du bréviaire

1. Comme un bottin, le bréviaire recense. Genre sec, apparemment froid et détaché, il entasse avec rigueur des informations anodines ou essentielles, des mots, des idées, des noms propres et communs, des dates, des sottises, tout.

Or, paradoxalement, l’effet produit par cette effusion de vocables exotiques, difficiles, inaccessibles, étranges, étrangers ou simplement exhaustifs, s’apparente à l’abandon langoureux et primitif éprouvé dans l’écoute de la musique ou de la poésie. La rationalité dépecée et systématique du bréviaire engendre un sentiment nourricier, un sommeil hypnotique et ronronnant, un entendement non intellectuel, une appréhension et une cognition sensorielles, hors du rationnel, et qui sont étrangères à la pensée articulée.

Le bréviaire, c’est le détournement baroque du langage classique, c’est le débordement réticulaire de l’écriture linéaire, c’est le champ du signe de la littérature ou plutôt son chant des baleines.

La différence entre le chant du cygne et le chant des baleines étant la qualité qui distingue les sirènes des saint-bernards, les premières ayant pour fonction de perdre le navigateur qui connaît sa route et les seconds ayant pour vocation de sauver le voyageur qui a perdu la sienne.

2. Comme un guide pratique, un dictionnaire ou un volume de référence, le bréviaire dresse un inventaire d’informations. Instructif et documentaire, il aborde un "objet" donné sous des angles divers et complémentaires.

Or, paradoxalement, les données rapportées au lieu de livrer cet objet le rendent de plus en plus mystérieux : d’anodin il devient insaisissable et secret, presque sacré. Finalement, le seul objet que nous semblons rencontrer et découvrir, le seul "objet" qui nous soit dévoilé est "l’auteur" : le bréviaire trahit ses limites et ses organisations, ses liens et ses associations, ses connaissances et ses lacunes, ses envies et ses peurs, ses accointances et ses sursauts, ses désirs et ses obsessions.

L’objet apparent du bréviaire n’est qu’un pré-texte à l’exploration et à l’exposition du système cohérent de signifiants à l’intérieur duquel se positionne son compilateur. Ainsi, la fonction véritable du bréviaire ne s’assimile en aucun cas à l’information mais au récit : celui de l’organisation cosmogonique du rédacteur dans ses choix d’inscription au sein du réel, de l’imaginaire et du langage ; celui de la rencontre fondamentale de l’altérité dans l’écart révélateur des dire et des taire.


Type de document : DJ's classes : récits variables

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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