coup de chaleur

La météo en avait fait ses choux gras le matin même. Alors que quinze jours auparavant, les Parisiens, pieds enneigés, se gelaient le bout du nez dans la froidure de l'hiver, l'été arrivait cet après-midi !

Les femmes qui suivent le bulletin religieusement (elles n'oublient jamais le parapluie les jours de pluie, le collant noir pour les premiers frimas, et le débardeur sous le soleil ardent) s'étaient adaptées pour la circonstance.

À Auber, à la Gare Saint-Lazare, dès huit heures, des cortèges de secrétaires et de cadres sortaient des bouches d'escalators, prenant d'assaut les grands boulevards. Armées d'un pardessus sur le bras, elles trottinaient sur leurs escarpins aux talons découverts, se trémoussaient sous leurs chemisiers largement échancrés, en faisant voltiger leurs courtes jupes.

A midi, c'était l'apothéose. Toute la gente féminine prenait l'air aux terrasses des cafés du boulevard Haussmann. Dans des poses lascives, comme si la longueur de l'hiver les avait frustrées de s'exhiber, elles jouissaient enfin de l'étal de leurs propres chairs. Leurs décolletés agressifs d'où bondissaient des globes laiteux comprimés par les soutiens-gorges en push-up, les yeux mi-clos dans un visage orienté comme un tournesol à chercher la chaleur du soleil, les cuisses et mollets encore rougis par la crème dépilatoire hâtivement passée quelques heures plus tôt, elles affolaient le chaland mâle.

Excité, freinant le pas, s'immobilisant comme des Pointers à l'arrêt, ils flairaient les chairs nues du regard, évaluant les rondeurs, scrutant la moindre parcelle de nudité. C'en était presque comique de surprendre ces regards concupiscents, ces demi-sourires lubriques. Entre les soupirs bruyants des Belles en exposition et le couinement des mouvements oculaires des ardents spectateurs, on ne s'entendait plus penser..

Mars 2005


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Pierre

Auteur réel : Christophe Molinier

Provenance du texte : Printemps de la Démocratie

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

surface lisse du canal

Il est 7H30 du matin, c’est le mois de décembre. Le jour se lève à peine et l’activité est quasiment nulle. Il n’y a que quelques passants qui marchent vite pour éviter de subir la morsure du froid. La surface lisse du Canal St Martin reflète les nuages qui passent lentement, attrapant peu à peu une teinte rosâtre alors que le soleil commence à se lever.

On est dimanche matin, le gens ne sortiront pas avant 10H. Au bord du cour d’eau, assis sous un arbre, on voit un groupe de jeunes, ils discutent, somnolent, laissent fuser quelques éclats de rires, ils sont là depuis peu de temps mais ils ont fait la fête toute la nuit.

Vers 9H30, la vie commence à reprendre mollement son cours habituel ; le soleil est à présent haut dans le ciel et désormais seuls quelques nuages tentent désespérément de le masquer. C’est une belle journée qui s’annonce. Il fait froid.


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Anonyme

Auteur réel : Paul Jalat

Provenance du texte : Ateliers scolaires

Référence : Paris - Hélène Boucher - 2de - 2005

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

.