élément déclencheur

Assis sur la poubelle, rue Saint Honoré, en face de Colette, la besace en bedaine et le sourire excavé. Un noir et blanc jamais vu. Juste après les tailleurs fuchsia et orange. Les textures et les rocailles.

Les talons ne claquent pas encore sur les trottoirs, seuls les chantiers ont ouvert leur pas de porte. Les bennes se remplissent en cadence. Aujourd’hui, demain, le temps de prendre un café chez Élie et une nouvelle boutique s’est habillée. La rue devient baroque total. Elle prend sa place, petite sœur du faubourg, moins haute, branchée néo-rococo. Décor offert aux touristes de la troisième dimension - le relief devient un tel affront – interface artefactuelle artificielle (vous avez vu? Même les boulangeries ont l’air de sortir de chez Hansel et Gretel, conte de fées ou de sorcières pour électeurs abrutis par l’information en continu et en réseau, images sans surprise où les indiens de tous bords valent toujours mieux que les cowboys – qu’importe le cannibalisme s’il est authentique ? )

Perché sur la poubelle, rue Saint Honoré, devant l’étalage de gâteaux luisants et de sandwichs rassasiés, la besace en bedaine et le sourire excavé, élément déclencheur de l’enthousiasme d’une journée qui devrait être une journée d’été, mais l’été 2001 tarde à réchauffer nos os qui sont las de la mousson, des tornades et des inondations. Qu'on nous le dise à la fin : ici, y’a plus de climat continental. C’est devenu les sous-tropiques de latitude fog radioactif.


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

immuable

Le Récit existe depuis toujours, depuis la création. Il est immuable. Il existe en-dehors de tout, en-dehors de tous. Il a été révélé au Mont Cimmer [écrit et oral, unique et multiple] au peuple réuni [des âmes mortes aux âmes à naître].

Le Récit n’affirme arbitrairement aucune vérité : il est souvenir, dialogue et confrontation. Il est paradoxe et foisonnement.

Dans le Récit, chaque ligne narrative est contestée par des arguments divergents, de toute époque et de tout lieu, avant de devenir chant. Pour un temps. Pour une communauté seulement.

Ainsi, même rejetée, une intonation ou une courbe ne perd jamais sa valeur : elle peut redevenir valide en d’autres circonstances, les hommes décidant en fonction de l'histoire et du temps.

Et néanmoins : même fluctuant, le Récit est immuable car transmis au Mont Cimmer.


Type de document : DJ's classes : études cimmériennes

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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