la Justice du Voyage

streetForce ne propose pas de démocratiser le Voyage : ne vous y trompez pas, Amici.

streetForce participe à cet élan culpabilisateur et destructeur post-moderne qui voudrait que chacun fût capable de l'exceptionnel et de la réalisation absolue.

"Il ne faut jamais plus de 12 ans de travail quotidien pour développer ses dons innés au Voyage ; chacun peut traverser les Espaces à la Force de son Esprit", clament-ils dans leur propagande.

Mais qui peut, jour après jour, cultiver la Force de son Esprit avec constance et espoir, malgré les échecs répétés, malgré les vicissitudes du quotidien, malgré les émois et les batailles ? Qui a cette discipline ? Qui a cette grâce ?

Non seulement, ce dogme fait peser sur l'individu impuissant le poids de sa propre limite et le rend responsable d'un inné qui ne répond en rien aux principes d'égalité, mais de surcroît, il délégitime les prothèses qui —elles seules— viennent compenser les inégalités et qui elles seules assurent la sécurité des voyageurs. Ne l'oubliez pas, ne l'oubliez jamais, les accidents temporels existent dans le Voyage spontané.

La véritable démocratisation du Voyage passe par les vortex-implants.

Une démocratisation, ne mentons pas, qui ne peut être absolue car tout le monde ne peut pas supporter psychiquement de traverser les espaces. Le Voyage Interspatial autogéré requiert une construction identitaire aboutie et stabilisée. Le rendre accessible à tous est plus qu'une insouciance, c'est un crime.

Ainsi, Amici, nous seuls sommes capables de créer la Justice du Voyage en sélectionnant sans discrimination les personnalités aptes à voyager pour leur offrir l'Implantation et l’Assimilation au Symbion.

Note aux Miliciens de l’APO


Type de document : XIU : notes internes

Auteur fictif : Sgarideni

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : 1

Textes satellites : aucun

sortants

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il ne vivait pas

Il ne vivait pas sur une péniche, il ne vivait pas dans une maison, il ne vivait pas sous les ponts. Il parlait à peine. Il souriait avec les yeux.

Il avait pour passion de regarder les gens comme d’autres veulent allumer les étoiles.

Non, ce n’était pas un enfant perdu, ce n’était pas un ange ni une hallucination.

C’était un p’tit gars comme les autres.

Sauf qu’il ne dormait pas. Jamais.
Sauf qu’il ne mangeait pas. Pourquoi ?

Le voyait-on seulement ? Je ne sais pas.

En tout cas, une nuit de juin, un peu avant l’été, sur le quai de Conti, il s’était arrêté pour regarder une petite fille en pyjama qui ronflait là.

C’était très joli.

Lui qui ne dormait jamais était en train de contempler son premier rêve.


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Griotte

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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