mon pancho

Je prends mon pancho en laine brute - acheté à Chilœ, un jour de Llovizna, entre deux enlacements - il porte encore toujours à jamais l'odeur de la pluie fine et diluvienne, l'image du port où je me suis abritée, la sensation [première fois] de mon ventre qui explose sous la force du désir, le froid des barreaux du petit lit dans la chambre [nue] et le froid des carreaux de la douche commune de cette pension du bord de mer gardée par une veuve [joyeuse], la fumée du restaurant avec cette boule de discothèque où, à l'arrière-salle, je t'ai appelé pour qu'encore une fois tu me dises [pour rien] que tu m'aimes.

Et depuis quoi ? Deux semaines ? Je l'ai sorti de ma mémoire [le pancho] et je l'ai déposé sur mon lit [un futon à terre dont j'ai cassé l'armature de bois noir au marteau pour évacuer la colère conjugale résiduelle] sur le plaid jaune acquis en ces temps facheux d'un mariage faustien.
[total remix]
[déco rococo]
[superposition]
[cadavre exquis]
de ma mémoire !
de ma mémoire !


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

un allongé

"Un allongé s’il vous plaît", plaisir intense d’une phrase anodine. Le L s’étend si loin et s’entend double. Tout le plaisir du café à venir. C’est tellement bon ! Rien que de commander son café, le sien, celui de l’arrêt, du temps pour soi, debout ou assis, dans une brasserie ou dans un salon, en trois minutes ou en deux heures, seule ou accompagnée, triste ou regonflée, "un allongé s'il vous plaît, un allongé".


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

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Textes satellites : aucun

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