une droite

Mon regard s'est arrêté sur ces deux grains de beauté que souvent je ne vois pas et qui parfois surgissent, explosent, ravagent.

Un souvenir.
Une blessure plus qu'un présage.

Ces deux grains de beauté par lesquels nous sommes jumeaux, ce trait d'union,
segment que toi tu portes au cou, moi à l'avant-bras,
dans un même alignement.

Alignement aussi droit que la trajectoire nécessaire au Pendule de Foucault pour établir sa preuve de la rotation de la Terre.

Je ne t'oublie pas.
Même si je ne te cherche plus.
Même si je me suis résolue.
Tu as disparu.

Tu étais là.
Tu n'y es plus.

Ou bien est-ce moi.
...

Nos mondes se sont disjoints
et nous ne pouvons plus tracer,
dans nos enlacements,
cette ligne qui poursuit la courbure de l'univers.

Incommensurabilité.

janvier 2009


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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le rêve

Je fais ce rêve chaque jour, au petit matin. Je me tiens au pied d'un escalier, cent huit marches creusées dans la roche d'une montagne. Au sommet de cette montagne, un temple. Je grimpe l’escalier, parfois lentement, parfois en courant ou en flottant. En haut, barrant le passage, un bassin rectangulaire invite les visiteurs à se purifier. J'entre dans le bassin où mes blessures trouvent un soulagement. J'en sors sèche, comme si la substance dans laquelle je m'étais baignée n'était pas de l'eau ni même un liquide. Je vois alors le Temple. Un bâtiment simple, carré, de bois, construit au flanc de la montagne. J'entre dans le Temple. Trois Buddhas trônent. Le premier est en cristal transparent, le deuxième en or mat, le troisième en lapis-lazuli. Je leur fais des offrandes. C’est alors que j'entends l'appel : "le Gardien attend. Il attend son successeur."

Tous les DJ's d'origine cimmérienne font ce rêve. Certains marchent dans un désert, d’autres voguent sur l'océan, galopent dans une prairie verdoyante ou errent entre des hiéroglyphes et multiples symboles. Le cadre varie pour chacun d'entre nous comme pour brouiller les pistes et empêcher une localisation. Mais nous entendons tous le même message.

De mémoire cimmérienne, rien de tel ne s'était jamais produit. Nous nous demandons s'il ne s'agit pas d'un ordre de rassemblement. Devons-nous quitter Erel et retourner dans Kiméria ?

J'ai sondé ma fille pour savoir si elle aussi faisait ce rêve. Elle refuse de me répondre. Mais il est vrai que j'ignore encore si elle est cimmérienne. Quoique… les conditions de sa conception et de sa gestation me laissent peu de doutes.

Au Dottore Pi


Type de document : correspondances

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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