son père lui disait

Son père lui disait : "Regarde cette étoile. Elle est peut-être morte mais tu vois sa lumière. Parce que sa lumière met des millions d'années à arriver jusqu'à nos yeux. En fait, tu vois le souvenir de cette étoile. Tu vois sa mémoire."

Aujourd'hui, nous sommes rue des Martyrs, à Paris. Il y a du soleil, il y a une dame qui amène des gâteaux et on peut raconter ce qu'on voit, ce qu'on vit, faire des photos avec nos mots. Raconter pour garder la mémoire de cette fête du Conseil de Quartier un jour de juin 2005.

Et nos mots à nous, nos anecdotes, nos clichés verbaux, vont rejoindre un grand espace de textes, un Topos, ils vont trouver leur place entre différentes couches de textes, qui sont comme des traces.

Chaque texte va alors se relier à d'autres textes, chaque histoire à d'autres histoires, pour former des constellations, un schéma stellaire. Un récit vaste comme le ciel.


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Griotte

Auteur réel : Ecriture collective

Provenance du texte : Printemps de la Démocratie

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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à l'instant même

Le 15 juillet 1976

Le lendemain du 14 juillet, jour de la fête nationale française, célébration de la prise de la Bastille, anniversaire de sa maman et aussi du mariage de ses parents :

Ludivine Coquine est sortie des Halles par la rue Montorgueil :

* elle ne voulait plus attraper le chien errant,
* elle n’avait plus assez de force pour rire,
* elle était beaucoup tombée, avait beaucoup rampé, son pyjama était tout déchiré, ses genoux étaient noirs et écorchés.

P’tit Gars l’a suivie mais quand elle a dit ‘j’ai envie de manger des fraises’, il a répondu ‘pas moi’ et il est parti.

Tout de suite :
* elle n’a pas eu de peine,
* elle n’a pas pensé "il aurait pu me dire au revoir",
* elle n’a pas réalisé qu’elle ne savait pas où le retrouver.

Mais c’était parce qu’elle regardait :

* les barquettes de fraises rouges et les brioches aux raisins,
* les fromages, surtout ceux à la chèvre, les frais ,
* les pains blancs et les pains de seigle.

Comme elle avait de plus en plus faim, elle s’est approché d’un stand, celui des fraises, et elle a voulu en prendre une. Le marchand s’est énervé très fort et elle a vu :

Tout de suite :

* qu’elle avait les mains sales
* qu’elle était pieds nus
* qu’elle portait seulement un pyjama déchiré.

Et elle a compris :

Tout de suite :

* qu’elle n’avait pas d’argent et qu’il fallait payer.

Et elle s’est souvenue :

Tout de suite :

* de son papa/maman
* de fanfan
* de tortue.

Mais, par contre :

A l’instant même :
Elle a oublié que P’tit Gars n’était pas là. Parce que :

* elle n’avait pas vraiment fait attention,
* elle n’imaginait pas qu’il la laisserait en plan.

Alors, elle s’est retournée :

* pour le chercher
* pour voir s’il était dans un état aussi affreux que le sien
* pour se moquer.

Elle a virevolté sur un pied comme elle aimait faire, elle a tout vu tourner- tournicoter-tournicoton-bal-et-cotillons.

Mais P’tit Gars n’était plus là ! Et ce fut à ce moment précis-là :

Qu’elle a commencé à avoir très peur et à pleurer.

Pas avant. Pas après.

A ce moment précis-là :
Voilà.


Type de document : chants des petits griots

Auteur fictif : Anonyme

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : 1

Textes satellites : aucun

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