Je suis assise tout au fond du café qui s'est vidé.
La vitrine comme un écran panoramique.
La rue comme le plus magnifique plan-séquence.
Les poissonniers harranguent les passants en bonnet brillant de Père Noël, le boucher en canotier transporte un immense bouquet, le marchand de quatre saisons emplit l'étalage dégarni.
Après demain, c'est Noël et jamais les rues n'ont été si vides en ces époques d'étrennes. Jamais l'ambiance des fêtes n'aura été si tardive. La rue sent la peur de demain.
La lumière est blanche. Que c'est beau pourtant.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : 1
Textes satellites : aucun
Depuis la première aube du Mont Cimmer, instant de la révélation, le Récit est retranscrit dans les nœuds. Nœuds des châles, nœuds des tresses, nœuds des tapis.
L'écriture des nœuds tissés requiert un long apprentissage corporel et cognitif car les nœuds transmettent non pas des sons, des mots ou des idées mais des unités complexes de sens, d'esthétique et d'émotion que chaque "gardien des nœuds" évoque à sa manière, selon son talent, son art et son langage.
Ainsi le cimmérien possède-t-il deux systèmes de transcription : l'alphabet fini de 23 consonnes et le système infini des nœuds.
Si la lettre est chiffre, le nœud est souffle, vision, mouvement, sentiment, image, musique, architecture, espace, arithmétique, géométrie, danse, mécanique, physique, biologie, et bien d'autres disciplines qui ne trouvent pas de traduction dans les langues non cimmériennes.
Type de document : DJ's classes : études cimmériennes
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : 1
Textes satellites : aucun