de guingois

Devant moi, dans ce bistrot où je suspens quotidiennement le cours des événements jamais plus d'un quart d'heure, avant de regagner mon appartement, je remarque pour la première fois la fenêtre ouverte, qui bascule vers l'extérieur.

Il fait déjà nuit dehors, et les lumières du café se reflètent sur la vitre, mon visage aussi dans un même mouvement.

Bleuté, il se superpose aux contours brumeux de la rue, aux flâneurs qui viennent interrompre quelques instants la quiétude fixe des affiches s'imposant à mon regard.

La glace, légèrement poussée vers le dehors, déforme la perspective, mais ce pourrait être aussi bien moi qui suis de guingois.

J'existe dans ce reflet, et il n'existe que pour mon regard.

La patronne referme la fenêtre d'un mouvement sec, mon double virtuel a disparu.


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Arte Miss

Auteur réel : poisson soluble

Provenance du texte : Participation

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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la route du nord

Le lendemain, les oies reprirent leur route vers le nord à travers le Södermanland.

Le garçon regardait le paysage qui s'étalait sous ses pieds et se disait qu'il n'en avait jamais vu de semblable. Ce n'était ni les grandes plaines de la Scanie et de l'Östergötland ni les immenses forêts du Smaland, mais un mélange d'un peu tout.

"Ici, ils ont pris un grand lac, une grande rivière, une grande forêt et une grande montagne, les ont hachés menu, ont mélangé le tout et l'ont étalé n'importe comment sur la terre", pensa le garçon qui ne voyait que de petites vallées, de petits lacs, de petites collines et de petits bois.

Rien ne prenait de l'ampleur. Dès qu'une plaine commençait à s'agrandir, une colline se posait en obstacle, et quand la colline cherchait à s'allonger en une crête montagneuse, la plaine reprenait le dessus. Dès qu'un lac devenait assez grand pour être considéré comme tel, il se resserrait en rivière, rivière qui elle-même n'avait pas le temps de s'écouler bien longtemps avant de s'élargir en lac.

Les oies sauvages volaient si près de la côte que le garçon pouvait aussi voir la mer, et il vit qu'elle non plus n'avait pas le droit de s'étaler largement car elle était brisée par une multitude d'îles, îles qui, chaque fois reprises par la mer, ne pouvaient elles non plus s'accroître.

Le paysage changeait continuellement.


Type de document : chroniques de Kiméria

Auteur fictif : R-dj

Auteur réel : Selma Lagerlöf

Provenance du texte : Liste de l'éducation nationale

Référence : Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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