soif

Nous marchions vers un but, mais nous n’avions pas le loisir de demander lequel ; nous savions seulement que, si nous le manquions, nous étions perdus.

Le désert était imposant et mélancolique ; il semblait vivre et palpiter, et fumer jusque dans ses entrailles. La transition avait été rapide et singulière ; ce n’était plus l’oasis de la veille, le repos au pied des palmiers, le sommeil rafraîchi par le bruit murmurant de la fontaine ; c’était le sable enflammé, c’étaient les secousses du rude dromadaire, la soif dévorante, inhumaine, insensée ; la soif qui fait bouillir le sang, fascine les yeux, et montre au malheureux qu’elle brûle des lacs, des îles, des arbres, des fontaines, de l’ombre et de l’eau.

Je ne sais s’il en était des autres comme de moi ; mais j’étais en proie à une véritable folie, à un rêve, à un délire sans fin, qui se ployait à tous les dévergondages de mon imagination.

Zone Climatique des Rois I — jour 30



Type de document : journaux de bord

Auteur fictif : Sgarideni

Auteur réel : Alexandre Dumas

Provenance du texte : Remix

Référence : Quinze jours au Sinaï. 1839

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

.

rollers au Trocadéro

Juin 2005. Esplanade du Trocadéro.

Deux musées. Un de chaque côté.

Sur la Tour Eiffel, est inscrit : Paris 2012, ville candidate.

L'Esplanade a été en travaux pendant des années.

L'ombre d'un grand lampadaire se dessine sur l'immeuble.

De l'autre côté du musée de l'homme, une phrase dit que tout homme crée sans le savoir, comme il respire, mais que seul l'artiste en a conscience. Ou quelque chose comme ça.

Quand j'étais gamin, je venais faire du roller ici, quasiment tous les mercredis. J'étais très fier à l'époque parce que j'étais un des rares à sauter les neuf marches en roller.

J'allais vite, vite, vite et hop ! Je sautais les neuf marches.

Et puis un jour, moi je devais avoir 13 ou 14 ans,
un des grands qui n'avait pas pris ses rollers m'a demandé s'ils pouvaient emprunter les miens.

Je les lui ai prêtés et puis il m'a filé ses pompes. J'ai essayé de les mettre mais comme il chaussait plus petit que moi, je lui ai dit : "elles ne me vont pas tes pompes."

Il les a récupérées, il les a mises dans les poches de son treillis, et puis il est parti. Avec ses chaussures et mes rollers.

Et je suis rentré chez moi pieds nus.

J'ai dû prendre le métro en chaussettes.

Je me souviens qu'il restait un peu de neige par endroits sur le trottoir entre le métro et chez moi. J'évitais les plaques de neige. Je me suis senti humilié, honteux, bafoué.


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Pierre

Auteur réel : Rémy Romeder

Provenance du texte : Printemps de la Démocratie

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

.

Modes lecture
Glossaire
Historique
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.