et c'est ainsi

Et c'est ainsi que le Jeu des Perles de Verre prit forme.

Des perles furent créées simultanément par plusieurs joueurs.

Chaque perle était phrase, chiffre, sphère, musique, sensation, énergie :

"Ici se joue le Jeu des Perles de Verre."
"Le Jeu des Perles de Verre est un infini."
"L'infini est un entrelacement de frontières."
"Joue, oui, joue."
"Tu es un Jeu des Perles de Verre."
"Contemple ta peau, tes membres, ton corps. Ressens. Tout te précède et tout te suit."
...

Et toutes les perles entrèrent en gravitation les unes avec les autres. Elles se regroupèrent. Leur place changeait sans cesse. Elles formèrent elles-mêmes une perle. Puis une autre perle. Et les perles s'agencèrent. Expansion.
Et le Jeu était traversé de frissons. De chemins. De Liaisons.
Et le Jeu créait des univers.


Type de document : carnets du jeu

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : 1

Textes satellites : aucun

sortants

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rollers au Trocadéro

Juin 2005. Esplanade du Trocadéro.

Deux musées. Un de chaque côté.

Sur la Tour Eiffel, est inscrit : Paris 2012, ville candidate.

L'Esplanade a été en travaux pendant des années.

L'ombre d'un grand lampadaire se dessine sur l'immeuble.

De l'autre côté du musée de l'homme, une phrase dit que tout homme crée sans le savoir, comme il respire, mais que seul l'artiste en a conscience. Ou quelque chose comme ça.

Quand j'étais gamin, je venais faire du roller ici, quasiment tous les mercredis. J'étais très fier à l'époque parce que j'étais un des rares à sauter les neuf marches en roller.

J'allais vite, vite, vite et hop ! Je sautais les neuf marches.

Et puis un jour, moi je devais avoir 13 ou 14 ans,
un des grands qui n'avait pas pris ses rollers m'a demandé s'ils pouvaient emprunter les miens.

Je les lui ai prêtés et puis il m'a filé ses pompes. J'ai essayé de les mettre mais comme il chaussait plus petit que moi, je lui ai dit : "elles ne me vont pas tes pompes."

Il les a récupérées, il les a mises dans les poches de son treillis, et puis il est parti. Avec ses chaussures et mes rollers.

Et je suis rentré chez moi pieds nus.

J'ai dû prendre le métro en chaussettes.

Je me souviens qu'il restait un peu de neige par endroits sur le trottoir entre le métro et chez moi. J'évitais les plaques de neige. Je me suis senti humilié, honteux, bafoué.


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Pierre

Auteur réel : Rémy Romeder

Provenance du texte : Printemps de la Démocratie

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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