Loula : Capitaine.
Capitaine : comment m'as-tu trouvée ?
Loula : je ne t'ai pas trouvée, je suis là où j'étais.
Capitaine : à l'épicentre.
Loula : oui.
Capitaine : au point d'éruption, à l'impact.
Loula : tu l'avais enfoui si loin pourtant.
Capitaine : si bien.
Loula : il n'était plus qu'un mythe, une légende, une chimère.
Capitaine : n'est-ce pas.
Loula : il tintinnabulait entre les voyelles de ces vocables magiques...
Capitaine : Chiloe, Llovizna, Neruda, Santiago, Tveria, Ir Chalom, peut-être.
Loula : il n'existait plus.
Capitaine : était parmi mes disparus.
Loula : a ressuscité.
Capitaine : non.
Loula : non ?
Capitaine : il est image. Pixels sur un écran.
Loula : mot.
Capitaine : emails denses, innatendus.
Loula : et la joie ?
Capitaine : il n'y a pas de joie, il y a l'illusion.
Loula : la technologie.
Capitaine : une prothèse, un écart, une distance.
Loula : patience.
Capitaine : le plus terrible c'est que je ne le connais pas.
Loula : plus.
Capitaine : comme si je ne l'avais jamais connu.
Loula : il existe pourtant.
Capitaine : mais lui, celui qui existe là où je ne le rêve pas, qui est-il ?
Type de document : minutes des mémoires absolues
Auteur fictif : Les Greffiers
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Elle viendra. Il vous faudra la regarder comme une amie.
Elle est celle qui prend et déchire ; elle est celle qui oublie : elle est celle qui a perdue cette chose unique en chacun de nous.
Elle est un monstre de beauté et de précision. Elle brille comme une reine et ses voiles fendent le vide. Elle sait tout et hait le détail. Elle œuvre à toutes les frontières. Elle est dans nos yeux et elle est dans le lointain. Sous une autre forme, dans un autre espace et un autre temps.
La certitude s'éteindra alors pour briller en dehors de vous, face à vous. Vous n'en serez pas privé pour autant : vous l'adorerez.
Vous aurez peur et la peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale.
Il faudra trouver cohérence là où l'espace se brise en nappes bleues et cisaillées.
Alors vous toucherez les trois boucles primaires. Eclatantes. Pures. Parce que vous les regarderez, chacune fermera la précédente et ouvrira la suivante.
Elles chercheront vie. Leur chant grandissant déchirera délicatement votre mémoire. Une tresse sera exigée, liquide et brillante. La plus onctueuse aliénation.
Lorsque la dernière ouvrira la première, lorsque la vérité des trois sera unifiée, vous serez en grand danger. Un gouffre de douleur et de silence - le tombeau des mots. A chaque seconde de la Lutte, vous verrez la spirale glacée enfermer la substance de votre vie et votre milieu ne sera plus que métal et cristaux sans teinte, sans doute et sans question. Elle prendra vie. Il faudra crier si fort...
Parce que vous n'avez pas le choix, elle reviendra, fragile, heurtée. Vous serez longtemps coupable de ce crime.
Il faudra vous pardonner.
Type de document : chroniques de Numer
Auteur fictif : Anonyme
Auteur réel : Ciriaco Soleares
Provenance du texte : Participation
Référence : Frank Herbert, Cycle de Dune, premier tome (Dune).
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun