Ojem Café

A l'Ojem Café des Halles, c'est la foule des grands soirs. Les serveurs ont du mal à se frayer un chemin entre les tables minuscules où s'agglutinent au coude à coude des travailleurs hagards qui n'ont pas le courage de rentrer chez eux, avant d'effectuer les heures supplémentaires nocturnes obligatoires qu'ils doivent à leur patron.

Les verres de bière jettent quelques éclats ambrés sur leurs visages. C'est la pénombre dans la brasserie. A part quelques candélabres parcimonieux.

Je commande une salade de tomates fantaisie. Et une tranche de vache normandopéruvienne accompagnée de soja amérindien. J'ai lu, dans le dernier numéro électronique de la revue « Sublimations gustatives », que le soja de cette région du monde provenait des meilleurs hybrides. Et s'il y a tant de monde ici, ce n'est pas sans raison ! On y trouve les meilleurs ingrédients et les meilleurs assembleurs culinaires. Et pour un prix dérisoire.

Sur ma tranche de pain reconstitué, les tomates à la peau bleutée palpitent faiblement. La viande me semble divine. Avant de me jeter sur ces portions déjà prédécoupées, je n'oublie pas de prendre la comprimé digestofacilitateur aimablement fourni par le restaurant. On ne sait jamais !

Plus que deux minutes : je dois faire vite, je sens déjà dans mon cou le souffle court et chaud du prochain client pour la table N°124 654.


Type de document : chroniques de Kiméria

Auteur fictif : Cassiopée des Halles

Auteur réel : katecol

Provenance du texte : Cité des Sciences

Commentaires : aucun

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sortants

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violon-piqueur

Grande scène noire dans la cour du Palais-Royal au-dessus des plots de Buren. Répétition [ cacophonie ? ] : violon électrique dominant. Mal, j’ai mal. Et les gens assis, émerveillés, enchantés; "voler quelques notes de musique". Tout est bon à prendre tant qu’c’est gratuit. MAIS ARRÊTEZ CE VIOLON-PIQUEUR [ famille marteau-piqueur ] !

Les flics passent en VTT, déjà hier aux Halles j’avais vu une patrouille à rollers … l’eau sous les grilles, odeur de vacances, chlore des piscines d’hôtel.

Maintenant une contrebasse. mais qu’il est mauvais, leur ingénieur du son ! Faites-le exécuter tout de suite ! Qu’on réhabilite la peine de mort illico. Je veux ses oreilles sur un plateau ! Et celles des musiciens et celles du compositeur et celles du producteur !

Soudain, oui ! Je comprends : c’est du jazz ! Alternative ? Free? Contemporain ? Expérimental ? Mon Dieu tout-puissant ! Epargnez-moi le jazz ! Je sais qu’au paradis on a mangé le fruit interdit mais, tout d’même ! Depuis l’temps ! Faut pardonner ! Même la rancune a des limites. Par pitié ! Eliminez le jazz de la surface sonore terrestre…

OH NON!C’EST PAS VRAI !ils s’mettent à chanter maintenant!!! Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?

C’est la fête de la musique ?
M’en direz tant…

… Ouf ! me suis échappée ! Avenue de l’Opéra, des sirènes, des klaxons, des gaz, des ZOTOS, pleins DOTOS mais pas de JAZZ.


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : 1

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