J’admire ceux qui courent et qui sont beaux parce qu’ils sont beaux. Leur corps évolue dans l’air libre, puissant, gracieux, vivant.
J’admire ceux qui courent et qui sont moches parce qu’ils n’ont pas peur du regard des autres et ils ont bien raison.
J’admire ceux qui courent et qui ne sont ni beaux ni moches parce qu’ils courent et que c’est très courageux, surtout quand il fait très chaud ou très froid.
J’admire les fleurs, je m’approche, je les respire, souvent je pousse des soupirs de joie. Puis je repars toute emplie de parfums divers, bienheureuse, apaisée, et les gens que je croise me sourient avec attendrissement. Quand je vois mon reflet, je découvre pourquoi : j’ai des traînées de pollen multicolores partout sur le nez.
Type de document : chants des griots
Auteur fictif : Loula-Louna
Auteur réel : Françoise Cleach
Provenance du texte : Participation
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Neruda et Guillevic, mes deux égéries de l’anodin et de l’élémentaire, furent des poètes engagés, poètes politiques, poètes communistes.
Comment l'interpréter ?
Non pas "en ce qui les concerne" : ce qui les concerne ne concerne qu'eux et m'échappe. Totalement.
Il m'est impossible de comprendre - depuis ici et aujourd'hui - cette nécessité, pour les artistes qui ont vécu la guerre civile d’Espagne et la deuxième guerre mondiale, de se convertir au communisme. De quel droit ? De quelles légitimes perceptions et perspectives ? Aucun, aucune.
Non. Comment l'interpréter "en ce qui me concerne", moi, Capitaine des mots qui refuse toute allusion politique dans mon écriture. Au nom d'une rupture d'anonymat, de vie privée, de laïcité. Au nom de la séparation stricte entre le personnel et le public. Au nom du respect de la sphère civile commune.
Car, si je veux être honnête ( mais est-ce que je le veux ?) je dois me demander s'il est possible de célébrer les armoires, les pneus et les casse-croûtes sans m'inscrire dans le politique.
Ne faut-il pas voir dans ma volonté de versifier le réel, le simple - dans ce besoin viscéral de faire descendre la littérature dans la rue, de la distribuer, de l’afficher - dans l'assimilation de ma fonction à une "DJ des mots" , "toyeuse / tagueuse" , "streetwriter" ou gangster lyrique - un engagement politique ?
Politique : relatif au gouvernement des hommes et des états.
Non. pas politique.Je n'ai aucune vision sur le gouvernement des hommes et de l'état. Je n'ai pas cette intelligence.
Pas politique mais civique.
Civique : relatif à l'art d'être une citoyenne dévouée à sa patrie et aux autres citoyens.
Type de document : DJ's classes : récits variables
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun