Châtelet. Ligne 14. Météor. Il portait une veste de marin bleu marine avec des ancres rouges sur le revers du col. Il était beau. Il ressemblait à ce que Loula m'avait dit de P'tit Gars. Il me faisait penser à ces aventuriers du grand large qui parcourent les films des années 50. Orson Welles, oui voilà, Orson Welles dans "The lady from Shangai", exactement.
Pourquoi m'a-t-il plus effrayée que séduite en ce bref instant où nous nous sommes croisés, quand j'entrais dans la rame et qu'il attendait sur le quai ?
Peut-être à cause de Loula et de P'tit Gars justement. Peut-être à cause du quai. Je me méfie des quais. Des hommes sur les quais. Des "qui sait" et des "plus jamais". Des coups de foudre et des coups de trop. Des regrets truffés de promesses.
De toutes les façons, il ne m'a ni souri ni regardé. Et moi, je n'ai vu que ses ancres rouges sur la laine bleu foncé.
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
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Les Halles sont le monument par excellence [instance publique monum] : elle relèvent de l’architecture, de l’urbanisme, de la culture, du social, du commerce, de la géographie, de l’anthropologie, de la technologie, de la délinquance, de l’art, de la géologie, de l’histoire. Elles sont "mythe" et réelles, vivantes et "fantasme". Lieu de transit, cœur de Paris [croisement d’artères], construites sans hiérarchie mais en réseau [nœuds, carrefours, connexions, couloirs des dimensions cardinales et transversales], elles sont la matérialisation de la modernité jusque dans ses angoisses et ses paradoxes [nécessaires et niées, elles ne recueillent que le mépris]. Je revendique les Halles comme expression de beauté, de rencontre, de joie, de bien-être, d’intérêt, de sécurité, d’enrichissement intellectuel et humain. Je les revendique comme le véritable microcosme des temps modernes [ musée in situ et in vivo, laboratoire d’observation et d’expérience, territoire ] [DJ's carrefour] [vortex]
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
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