Il est fréquent que ceux qui n'ont pas accès au Récit vivent dans le fantasme de ce qui s’est passé au Mont Cimmer, du secret qui aurait été transmis et du pouvoir que les Cimmériens en auraient tiré.
Or:
1. Les Cimmériens en tant que tels n’existent pas : on ne naît pas Cimmérien, on le devient.
2. Le Mont Cimmer n'est pas un lieu au sens propre : c'est un état d'abstraction, de création, de réception.
3. Le Récit révélé au Mont Cimmer n'est pas une narration avec un début, une fin, un contenu : c'est un possible qui advient à chaque instant.
4. La Révélation du Récit n'a pas pris place à un moment du temps : elle est continue.
Il n'y a donc jamais eu de "peuple réuni" au Mont Cimmer pour recevoir un mythe cosmogonique d'origine divine, pour accepter une loi ou pour être investi d'une puissance.
Il y a, Cimmérien après Cimmérien, la découverte des Nœuds et de leur écriture . C'est-à-dire de l'au-delà du mot et du logique.
Les Cimmériens n'héritent pas du Récit de génération en génération : quand une personne - quelle qu'elle soit - accède au Récit, elle devient Cimmérienne, elle rejoint le Mont Cimmer, elle vit l'instant éternel de la révélation et elle intègre la communauté du Récit.
Type de document : DJ's classes : études cimmériennes
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Le XIU n'impose pas une dictature ni une théocratie ni un féodalisme. Il ne prône pas le mérite ni même le hasard. Il ne s'appuie pas sur la résignation et ne se justifie pas au nom de la raison. Il allègue simplement la défense des droits individuels et des intérêts privés. Et il les pousse jusqu'au bout. Pour le Bien Commun.
La liberté d'expression est totale : la censure n'existe pas. Officiellement.
Mais, comment s'exprimer quand toutes les idées et expressions sont soumises aux droits d'auteurs ? Quand, pour pouvoir aligner quelques métaphores courantes, il faut l'autorisation de l'organisme chargé de la défense du Patrimoine Sémantique? Quand toute publication doit s'acquitter de droits forfaitaires prohibitifs, accessibles à quelques grands consortium multinationaux toujours affiliés, par une ramification ou une autre, au XIU.
Quant à l'artisanat de l'information et de la culture - les indépendants et petites entreprises - ils sont eux aussi obligés de se regrouper dans des corporations pour arriver à payer les droits d'auteurs. Ces corporations n'ayant d'autre choix que de trouver des accords, elles aussi, avec le XIU. Avec tout ce que cela sous-entend d'allégeance et de compromission.
Aujourd'hui, ce mécanisme nous parait normal. Nous l'avons intégré. Nous sommes heureux d'avoir le droit d'utiliser le langage pour parler et penser sans devoir payer un impôt spécifique. Nous remercions les syndicats d'enseignants d'avoir su défendre - aux premières années du XIU - la gratuité des droits d'auteurs pour les écoles.
L'idée même d'une zone franche lexicale dans l'espace publique nous paraît utopique. Il nous est difficile d'imaginer ce temps où des ordinateurs ne parcouraient pas tous les discours et écrits, images et musiques, pour relever le nombre de séquences employées soumises au copyright.
Aujourd'hui, une étape supplémentaire doit être entreprise par les aspirants au voyage interspatial : l'affranchissement de la soumission au copyright.
Vous devez apprendre à utiliser les mots, les notes, les sons, les formes sans peur d'être dans l'illégalité et l'illégitimité. Vous devez retrouver votre liberté. C'est une question de pensée et de psyché. Un déconditionnement intense.
Ensuite viendra le voyage. Alors. Seulement.
Type de document : DJ's classes : le XIU
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : 1