le temps du voyage

Quand un voyageur bascule dans Kiméria, son corps disparaît de l'espace réel (Erel) .

La grande question est celle du temps de l'absence.

Le temps de Kiméria n'est pas celui d’Erel.

Il est possible de vivre une vie entière dans Kiméria et de revenir au monde réel à l'instant même de son départ. L'absence physique est alors si brève qu'un clignement d'œil la masque. La plupart des gens ont - en observant le voyageur - l'impression d'une lenteur, d'un retard.

Toutefois, une telle maîtrise du temps du voyage requiert un long apprentissage et une véritable aptitude. Seuls quelques grands initiés y parviennent.

Les voyageurs - Adeptes ou Nomades - qui n’ont pas suivi d’entraînement, ne contrôlent pas le ralentissement du temps : leur absence corporelle est proportionnelle à la durée de leur séjour dans Kiméria.

Le cas est particulièrement flagrant chez les enfants. Ils sont littéralement absorbés par l'autre côté et réapparaissent tout aussi curieusement qu'ils ont disparu, dans leur lit, à l’école, au parc ou dans la baignoire, parfois beaucoup plus âgés.

Certains d’entre eux ne reviennent jamais. On les appelle les enfants perdus. Les enfants perdus ne grandissent pas. Ils se transmutent dans la substance même des rêves.

Mais il existe également des Voyageurs de l'Enfance dont le corps ne se dématérialise pas. Seul leur esprit voyage. On parle alors de voyage astral .

Cette forme de voyage est peu fréquente chez les adultes. Elle cesse généralement après la puberté.

Signalons également quelques phénomènes rares (mais avérés) d'accélération temporelle : le séjour dans Kiméria paraît très bref au voyageur, mais le temps écoulé dans Erel a été très long. Quand le voyageur revient, il est chenu et le monde entier a changé. Il a perdu sa vie.


Type de document : DJ's classes : l'art du voyage

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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le royaume d'Esméralda

La Cour des miracles, bien sûr, c’est le royaume d’Esméralda l’égyptienne, la dompteuse de l’extrême, la danseuse de la mort, la sauveuse de poète, la malheureuse, la mal aimée, assassinée pour la vérité de ses désirs, une grande dame.

C’est Angélique aussi, nommée la merveilleuse, marquise des mendiants et des voleurs, voyageuse des fonds de cales, qui perd encore et sans cesse tout ce qu’elle a conquis, Robert Hossein et l’alchimie, son palais et sa famille.

Terrible association entre un mythe total et un fantasme kitch : il est tant de référents dans notre imaginaire !

Aujourd’hui, j’aurais situé "la Cour des Miracles" quelque part dans le 18ème, vers "la goutte d’or" : les deux noms ont l’air d’être en filiation directe, vous ne trouvez pas ?

Et pourtant, non. La Cour des Miracles se nichait à proximité des Halles. Bien sûr ! Quel autre territoire aurait pu davantage tenter les brigands et les voyous ? Elle s’abritait au pied de la muraille de Charles V, entre la rue de Damiette et la rue des Forges.

Détruite en 1667 sur ordre du lieutenant de police La Reynie, elle s’est reconstituée au 18ème siècle.

Véritable cour, elle avait un roi - le roi des thunes, le coësre - et des délictueux officiers aux noms délicieux : archi-suppôts de l’argot, cagoux, coquillarts, courteaux de boutanche, calots, capons, francsmitoux, malingreux et autres marcandiers.

On dit qu'elle existe toujours, de l'autre côté …


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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