0 pulsation par minute. Les gens crient. 0 pulsation par minute. Je n’ai plus peur. 0 pulsation par minute. Massage cardiaque. 0 pulsation par minute. «Je vous salue Marie pleine de grâce.» Bouche à bouche. 0 pulsation par minute. Massage cardiaque. 0 pulsation par minute. Bouche à bouche. 0 pulsation par minute. «Hang on son ! Don’t let go you hear me, don’t let go !» 0 pulsation par minute. Peine perdue. «Heavy metal thunder.» 0 pulsation par minute. Je m’envole, pourtant mon corps reste au sol. 0 pulsation par minute. Je n’ai plus peur. 0 pulsation par minute. Le vide. 0 pulsation par minute. Le néant. 0 pulsation par minute. «Racing with the wind». Dieu existe. 0 pulsation par minute. Il pense à moi. Les gens crient. 0 pulsation par minute. «Amazing grace, how sweet the sound.» 0 pulsation par minute. Je n’ai plus peur. «Oh happy days.» 0 pulsation par minute. Les gens crient.
«Je regardai, et voici, parut un cheval de couleur pâle. Celui qui le montait se nommait la mort.»
Une alarme retentit.
Silence.
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Sgarideni
Auteur réel : funktomat
Provenance du texte : Participation
Référence : Apocalypse selon St Jean
Commentaires : 1
Textes satellites : aucun
J’avais tant de fois revendiqué mon statut.
"Conteuse, je serai conteuse". A deux ans déjà je m’asseyais à terre et amassais des cailloux - mon assemblée - pour les convaincre de m’écouter. "Tout ce qui m’entoure a des oreilles".
A quatre ans je m’affirmai.
"Conteuse, je serai conteuse."
"Tu veux faire du cinéma ?"
Que nenni, je tournai la tête.
"Du théâtre alors ?"
"Pfff ! m’enfermer ? jamais !"
"Tu veux écrire ?"
"Non je ne sais pas écrire."
"Mais tu apprendras."
"Non"
"Mais si, quand tu iras à l’école, tu apprendras à écrire et tu pourras raconter plein de belles histoires dans des grands cahiers avec des grands carreaux."
"Non je n’écrirai pas moi. Je n’écrirai pas dans des grands cahiers avec des grands carreaux."
"Dans des petits cahiers si tu préfères, mon trésor."
A cinq ans je m’enhardissais
"Conteuse je serai conteuse, je veux parler des ponts et des boutiques, des fleuves et des bacs, des routes et des rues. Je veux dire tous les mots qui ont été pensés, je veux les mettre en fleurs et les distribuer en bouquets."
"Et tu les diras où tes histoires ?", demandait ma sœur au nom de Tulipe. Fanfan.
"Au grand air, sous la pluie, dans les parcs et les cafés. Au comptoir à l’heure du kir ou du noir."
"Tu vas te les geler."
"Me geler quoi ?"
"Je sais pas, c’est tortue qui dit ça."Tortue c’est notre grand frère."Les mains je crois..."
"Je crois pas."
Elle est vraiment petite ma sœur.
A sept ans je m’exaltai.
"Où sont les marais ? Asséchés. Les bancs publics ? Emiettés. Les miroirs du métro ? Remplacés. Je ne suis pas mémoire, je ne suis pas jugement, je ne suis pas image. Je suis parole. Je parle cette ville comme je la parcours. Je veux marcher et parler. Vocation urbaine. Voirie, vie publique".
On me laissait dire. A sept ans on dit tant de choses. On veut être majorette et magicienne. Palabre citadine et pas de danse ...
"Ca lui passera, t’inquiète pas ."
"T’inquiète pas ! mais elle refuse d’écrire !"
"surtout ne la bouscule pas . Sa maîtresse dit qu’elle est très en avance pour son âge. Einstein non plus..."
Papa/maman dans le lit. Fanfan dans le lit. Tortue dans le lit. J'ai besoin de voir la nuit. Je sors.
J’ai sept ans.
Type de document : chants des griots
Auteur fictif : Loula-Ludivine
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : 1
Textes satellites : aucun