Cette pomme a un air sauvage, baroque. Perle-pomme irrégulière. Quand on la croque son goût échappe. Le morceau de chair se dérobe. Consistant et fuyant. Pour mieux s'engouffrer et nous appartenir.
Faut-il la mâcher ? L'avaler ? La rejeter ? La sucer et la vider de son jus jusqu'à ce qu'elle ramolisse et se dissipe ? Tant de questions irrésolues se posent que je ne peux la terminer. Je la jette. Elle m'a rassasié.
Alors que, dans la même série (golden), les petites pommes insipides conditionnées sous cellophane par 1-1,5-2 kilogrammes - des vraies pommes de terre - ne provoquent aucune surprise, n'interrogent en rien les sens, simulent une mastication automatique, détachée, ininterrompue, un broyage que rien n'arrête. Et les pommes peuvent s'enfiler comme les kilomètres sous un train ou les billes d'un rosaire tibétain (mala).
Ma première Chanteclerc. Une espèce ressuscitée.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Et aussi, près de Saint Paul : la féria (pause café branchée marais), la boutique Mariage frères (tea break et colonie nostalgie), mon agence ANPE (pas d'intermittence pour les street DJ's), une boulangerie qui fait de vrais shneks (des chinois sans raisin et bourrés de crème pâtissière comme chez moi en Alsace ), le musée de la photographie, l’Hôtel Sully, la Place des Vosges, des tas de p’tits magasins très bien mais trop chers, des tas d’autres magasins pas chers mais trop cheap.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun