J’avance. Je ne peux pas reculer. Il n’y a que l’avant, jamais d’arrière. Impossible de me retourner. Le concept même de retour ou de passé est inaccessible. Ceux d’ici l’ignorent. Comment pourraient-ils concevoir l’inconcevable.
Peut-on seulement parler de temps dans cet espace absolument linéaire où l’on est insondablement poussé en avant ?
L’arrêt et le mouvement sont les deux positions.
L’ici et l’ailleurs.
Les lignes avancent parallèles sans jamais se toucher.
Parfois une mutation, une rupture, un saut, une fissure, un effondrement, une aspiration. Pour se retrouver à côté, ni au-dessus ni en dessous, mais toujours plus loin.
Le cheminement se fait côte-à-côte sans se heurter, puis l’on se perd.
Seul le point de fuite, devant. Pas de tectonique. Pas d’axonométrie.
Des simultanéités qui s’ignorent.
Lieu de l’oubli et de l’ignorance. De la solitude et de l’espoir : « plus loin peut-être, je me souviendrai. »
Lieu de promesse : « plus loin peut-être, je serai ici et alors naîtra brièvement l’idée du passé. »
Type de document : journaux de bord
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : CL
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Une après-midi à la BPI (Bibliothèque BeauBourg) (triple b). Entrée par la rue du Renard.
Miracle et jubilation - tous les livres à portée de main - tactiles – si près de moi, toi, soi - espace libre - foison de connaissance - fusion - on se croirait dans "les ailes du désir" - les anges sont sans doute tout autour de nous, vous, elles. Et le vieux chantre haletant, parti à la recherche de Potsdamer Platz, où marche-t-il ? Dans quelle allée ? Et toi Loula, es-tu là ? "Als das Kind Kind war, wußte es nicht, daß es Kind war", alors l’enfant était enfant et ne savait pas qu’elle était enfant.
Trouver une place près de la baie vitrée : vue sur le parvis et sur le Beaubourg frime café (XIU repère : il faut toujours garder un œil sur ses ennemis).
Bibliothèque-lumière où l’on regarde l’extérieur. Lever les yeux pour penser : voir une voiture, la foule noire, fluo, verte : réfléchir dehors et pas dedans …
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun