Tous les mardi soirs, rue de Lille (perpendiculaire à la rue du Bac), je passe devant la maison des dames télégraphe et téléphone. Architecture magistrale. Bâtiment magnifique. Les fenêtres immenses du bar-restaurant laissent entrevoir la vie d'un autre temps et je ne voudrais pour rien au monde y entrer: de ce côté-ci, j’ai l’impression d’avoir vue sur la belle époque. De l’autre côté, que me resterait-il ?
au Dottore Pi
Type de document : correspondances
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Ici il y a un nœud de mon destin.
La douane de Marseille. Deux hommes arrivés de Casablanca subrepticement échangent leurs valises. Une valise est remplie d'argent, l'autre de vêtements.
Un des deux hommes disparaît. Emportant la valise pleine d’argent.
L’autre homme, celui qui reste avec la valise pleine d’effets personnels, c’est mon père.
Toute sa vie, jusqu’à sa mort, il fut poursuivi, menacé, agressé, enlevé, escroqué, ruiné, par les commanditaires du trafic. Deux hommes.
Quelques années plus tard ces deux hommes quittèrent Casablanca pour un autre port. L’Allemagne. Hambourg. Les hommes de Hambourg.
Ils faisaient chanter mon père. S’il ne les payait pas, sa plus jeune enfant serait assassinée. Moi. Une de mes sœurs aussi. La cadette.
Pour commencer.
En fin de compte, ils ont tué mon père. Ils l'ont empoisonné.
Et si la deuxième valise n’avait jamais existé ?
S’il s’agissait d’une simple escroquerie ?
Si …
Si ce nœud de mon destin, en réalité, n’était qu’une mise en scène, une illusion, un mensonge.
Comme tous les nœuds.
Si dans un désir de vengeance, j'avais décidé d'être capitaine et de sauver le monde entier.
Au Dottore Pi
Type de document : correspondances
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun