Neruda, mon Neruda.
Capitaine
Aux vers amoureux.
Echoué
Sur une île noire si près de Temuco.
Descendant des rois.
Orphelin mélancolique
Que la pluie élève
Que les vents tressaillent.
Tes mots,
Tu les écris
Pour les poètes aux mains de boue
Qui lisent à peine.
Pour eux,
Tu chantes le plus simple.
Tu l'extrades.
Et moi
Je reste assise.
Invisible
Dans leur chœur.
Je me fonds
Entre eux
Pour t’écouter,
Pour m’imbiber
- volcanique -
De tes poussières de feu.
Soudain si vieille
D'une terre qui ne m'appartient pas.
Jalouse.
D'eux, de toi.
De ce temps où l'envol naissait du mot.
Type de document : vers
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Le matin, quand je me réveille, depuis que j'ai seize ans, je plonge trois fois de suite mon visage dans de l'eau très froide, recueillie dans les paumes de mes mains jointes [coupelle - grâal].
Et par ces trois immersions, je rejoins toutes les eaux de mes voyages terrestres : la lagune verte du sud chilien (région 10), la mer de Galilée, la cascatelle de la Vallée de la Longévité, les chutes claires de Californie, la douche au milieu des papyrus du bush australien au nord de la New South Wales, près de Byron Bay, là où j'ai été initiée au Jeu des Perles de Verre par la Terre elle-même. Gondwanaland. Terre des Rêves.
J'éprouve une reconnaissance intarissable pour ce continuum élémentaire qui confond toutes les eaux du monde en cet instant et qui scande le débit d'un nouveau round spatio-temporel : ma journée. L'unique. Celle où j'existe dans un corps, une histoire, un croisement. Aujourd'hui.
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : 1
Textes satellites : aucun