cupcakes

Robe à volants.
Mauve.
La taille est gracieuse, la silhouette se profile en arabesques,
des arabesques ébauchées en un autre temps,
un temps qui n'a jamais existé.

Un temps coloré -rose, bleu, mûre, caramel et chocolat-,
aux odeurs de beurre fondu et de génoise bombée.

Elle virevolte entre le robot ménager et le four,
douille en main et spatule à la ceinture.
Elle dresse le glaçage et chante des airs de music hall.
Sa voix de soprane navigue,
elle plonge dans les graves du swing,
elle se dédouble, s'élance et se sublime.

Cette nuit,
elle n'en avait pas dormi :
l'aventure alchimique l'attendait...

Elle était prête à tout,
à marcher dans la ville enneigée pour dénicher de la crème de tartre et du bicarbonate, à tourner, œuvrer, battre, monter et bain-mariner, à s'isoler loin des messageries instantanées —,
elle était prête à mobiliser tout ce qu'elle était
mais elle devait finir cette journée avec
une fournée de cupcakes bigarrés
digne de Terry Gilliams, de Wes Craven,
de Dave McKean, de Caro et de Jeunet.
Quelque chose en dépendait, elle le sentait, elle le sent,
Quelque chose de vrai

Moi, je suis au spectacle.
Dermiquement et attentivement.
Je hume, j'écoute,
je dérobe une scène,
j'exulte.

Dans la pâtissière, je vois une reine,
une orfèvre du rêve,
une artiste,
une peter pan du 12e,
une révolutionnaire du réel,
une avant-gardiste du multiplexage enchanté,
une tisseuse des espaces entremêlés...


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

> changer les liens

entre 2 fugues

- entre deux fugues
-> < sujet > = son père ; sa mère
< sujet > la regarde [des nuits] [des jours]. La regarde et retient ses larmes. L’embrasse [des nuits] [des jours]. Et retient. La serre tout simplement. La retient.

-> Loula ne parle pas. Versifie l’entour [la cuillère], [le cintre], [la chaussure], [le caddy], [la barrette], [le batteur électrique], [la bulle de savon] , [le lave-vaisselle], [la moquette], [la station essence] , [le supermarché]. contes [urbains] [anodins] [singuliers]

- entre deux fugues [ temps ]
Loula [11 ans] [12 ans] [13 ans] [14 ans] [15 ans]

- les choix
[la garder à Paris] [l’enfermer dans sa chambre] [l’attacher à son lit] [l’envoyer dans un centre spécialisé en province] [croire que chaque fugue est la dernière]

- les questions simples et composées / les ordres
[Où vas-tu quand tu t’en vas ?] [De quoi vis-tu ?] [Es-tu seule ou rejoins-tu quelqu’un ?] [Pourquoi partir, tu n’es pas bien ici ?] [Pourquoi ne t’avons-nous jamais retrouvé ?] [Raconte-nous quelque chose, même en rime, d’accord ?] [As-tu pris de la drogue ?] [Est-ce que quelqu'un t’a touché ?] [Réponds-nous] [Tu ne nous aime pas ? C’est pour ça que tu pars ?]

- les réponses
[en sourire parfois] [en colère aussi] [avec exaspération] ailleurs, je vais ailleurs [là où seuls les mots alimentent et abreuvent] [là où je ne suis jamais seule car le langage m’habite] [je ne connais pas d’ici, point fixe] [ici est un mouvement] [un pas qui m’emporte et me glisse dans le chant général] [où vous ne me trouverez pas] [ma résidence n’est plus sur la terre] [oui, quand je pars, je vaguedivague] [en odes élémentaires] [avec pour seule stimulation le son et l’air] [avec pour seul viol mon retour] [être près de ceux qui nous aime calcine] [l’épée incandescente garde si bien le paradis]

- la dernière fugue
< sujet > surprend Loula et dit simplement : "Ludivine"
< sujet > = son père ; sa mère

Loula : "j’y vais."
< sujet > ne l’arrête pas. Comment arrêter ? Pourquoi ? N’abdique pas. Lâche prise. Se détache.
< sujet > = son père ; sa mère

- la huitième et dernière fugue [temps]
[Loula 16 ans]


Type de document : vers

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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