les Kimériens

Les Kimériens sont-ils uniquement le produit de l'imagination et du désir des Eréliens ?
Les Eréliens sont-ils les dieux de Kiméria ?

Cette idée a égaré plus d'un explorateur. L'Ordre des Joueurs a d'ailleurs traité Kiméria comme sa chose, son invention, sa propriété.

Mais le système est plus complexe.

Les Voyageurs façonnent une matière onirique : ils ne la créent pas. Ils sont comme les sculpteurs qui utilisent de la pierre ou de la glaise. Leurs personnages sont comme des automates, des parties du décor, des "chimères". Mais pas toujours. Il arrive qu'un personnage soit investi par une conscience et qu'il devienne pleinement vivant. Le procédé est décrit dans Pinocchio.

Rappelons également que certains domaines et continents de Kiméria sont si anciens que personne ne peut dire s’ils ont été inventés par des voyageurs ou s’ils ont précédé le Voyage.

Les Cimmériens défendent même la thèse selon laquelle le monde matériel, Erel, aurait été bâti par des Kimériens et que tous les humains seraient les descendants de ces êtres de l’imagination qui auraient migré sur Terre pour vivre une vie sensorielle totale. Nous serions tous le rêve de ceux que nous croyons rêver.


Type de document : DJ's classes : l'art du voyage

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

.

supplique à deux voix

Capitaine L
Je ne suis pas conteuse, je suis scripte. J’aime parfois les mots que je combine et m’entends – incrédule – les prononcer. Plus encore : je les redoute, je les regrette.

Loula
Je ne suis pas scribe. Je suis rhapsode. J’aime parfois les mots qu’on me lit et m’entends – orgueilleuse – les rehausser. Les incarner. Plus encore : je les goûte, je les guette.

Capitaine L
Mon écriture – quand elle s’étire et se tresse - me conforte et me protège. J’aimerais dire : laissez-moi me taire et lisez, s’il vous plaît.

Loula
Ecrire je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Seulement déclamer.

Capitaine L
Dire je ne peux pas. Je ne peux pas savoir. Seulement graver.

Loula
Mais pour qui chanter désormais ? Pour les séquences binaires ? Les pulses et les switchs ?

Capitaine L
Et pour qui tracer si rien ni personne ne me relaie?

Loula
Ma voix s’est tue, elle ne dit plus Paris, elle ne crie plus sa faune, elle ne cerne plus ses plans. Je m'étiole. Je m’éteins. Je vous en prie, préservez-moi, écoutez-moi ! Je suis si loin entre les chiffres, les bips et les points. Je ne suis ni son ni image, je suis parole, parole. M’entendez-vous ? Entendez-vous mon murmure endeuillé qui sourd depuis la face cachée ?

Capitaine L
Mon encre se fossilise dans sa solitude. Je vous en supplie : lisez-moi, vivez-moi. Donnez-moi le droit de calligraphier dans l’immensité des bibliothèques, des rues et des librairies, de porter mes cargaisons, mes passagers et mes équipages et de délivrer, de délivrer tous ces mots à naître que ma main, mes yeux et mes oreilles creusent à ciel ouvert. Ecrire est mon urgence.

Loula et Capitaine L
Sans toi qui suis-je ?


Type de document : minutes des mémoires absolues

Auteur fictif : Les Greffiers

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

.

Modes lecture
Glossaire
Historique
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.