La Bibliothécaire de Babel a transgressé le deuxième axiome de la bibliothèque...
Elle a rajouté aux 25 symboles orthographiques, le point d'interrogation et le point d'exclamation.
La bibliothécaire n'est plus une bibliothécaire. Elle innove, elle intervient, elle crée.
Elle me l'a révélé en silence, me tendant quelques livres cachés dans une seconde rangée au fond des étagères, rangée que personne ne consulte à la bibliothèque de Babel.
Tant de livres, tant.
Qui irait regarder derrière ?
Je ne pouvais même pas lui poser la question car la scène s'est déroulée dans le silence qu'impose la transgression.
Mais : comment a-t-elle eu l'idée, le besoin, d'inventer le point d'interrogation et le point d'exclamation ?
Peut-être est-elle une voyageuse.
Peut-être est-elle allée sur Erel, dans Numer. Peut-être a-t-elle arpenté la terre des rêves …
Car seuls les voyageurs peuvent entrer et sortir de cette contrée construite comme une tour qui n'a ni porte ni fenêtre.
On sait qu'il existe quelques voyageurs kimériens…
Il faudra bien que je lui pose la question.
Elle a inventé le point d'exclamation, mais connaît-elle le mot question ?
Type de document : journaux de bord
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Référence : La Bibliothèque de Babel, Borges
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Je sors du cinéma. J’ai quitté la salle avant la fin du film. Je ne reste plus dans les cinémas coûte que coûte. Vaille que vaille. Quand je m’ennuie, quand c’est mauvais, quand ça m’irrite : je quitte la salle.
Un critique a demandé au réalisateur : "comment faîtes-vous pour que vos acteurs soient si bons ?". Réponse du cinéaste : "je leur demande d’articuler". Pour articuler, ils articulent ! ils ne font même que ça.
Je sors du cinéma par la porte St Eustache et je vais rue Montorgueil boire un café. Je choisis une brasserie qui sert du Segafredo. C’est le meilleur (non, je me trompe à chaque fois : c’est Illy le meilleur). Je m’installe sur la terrasse. Il est presque six heures. Il fait bon. C’est l’été indien : nouvelle saison.
Avant : à la rentrée (vous en souvienne) on portait des manteaux.
Maintenant : tout juste si on sort le gilet.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun