tintinnabule

Loula : Capitaine.

Capitaine : comment m'as-tu trouvée ?

Loula : je ne t'ai pas trouvée, je suis là où j'étais.

Capitaine : à l'épicentre.

Loula : oui.

Capitaine : au point d'éruption, à l'impact.

Loula : tu l'avais enfoui si loin pourtant.

Capitaine : si bien.

Loula : il n'était plus qu'un mythe, une légende, une chimère.

Capitaine : n'est-ce pas.

Loula : il tintinnabulait entre les voyelles de ces vocables magiques...

Capitaine : Chiloe, Llovizna, Neruda, Santiago, Tveria, Ir Chalom, peut-être.

Loula : il n'existait plus.

Capitaine : était parmi mes disparus.

Loula : a ressuscité.

Capitaine : non.

Loula : non ?

Capitaine : il est image. Pixels sur un écran.

Loula : mot.

Capitaine : emails denses, innatendus.

Loula : et la joie ?

Capitaine : il n'y a pas de joie, il y a l'illusion.

Loula : la technologie.

Capitaine : une prothèse, un écart, une distance.

Loula : patience.

Capitaine : le plus terrible c'est que je ne le connais pas.

Loula : plus.

Capitaine : comme si je ne l'avais jamais connu.

Loula : il existe pourtant.

Capitaine : mais lui, celui qui existe là où je ne le rêve pas, qui est-il ?


Type de document : minutes des mémoires absolues

Auteur fictif : Les Greffiers

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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personne

"L’écrivain n’est personne. Je suis absent car je suis le conteur. Seul le conte est réel."

Je ne lis que pour écrire / je ne regarde que pour écrire / je ne parle que pour écrire / je n’écoute que pour écrire / je ne médite que pour écrire [et] je ne pense qu’en écrivant [en revanche ] je touche pour toucher / je goûte pour goûter / j’embrasse pour embrasser / je caresse pour caresser / je donne pour donner.

Mon espace à l’autre est la peau, seulement la peau, les lèvres, le corps / tout le reste m’est repris, saisi, volé dans l’écriture/ dans mon odyssée / même mon amour [je l’accepte car] j’ai uniquement l’impression d’exister lorsque j’écris [pourtant c’est faux] j’existe quand je suis lue/ celle qui existe est donc d'ores et déjà une absence, un geste passé, un passage / pas moi / moi je suis ailleurs et alors qu’importe d’avoir écrit et d’avoir été lue ?

(remix Jabès)


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Référence : Edmond Jabès

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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