L'enfant du scribe, dont le prénom est un mythe surréaliste, est bercé par le ronronnement de l'ordinateur, le click cliquetis de la souris, la lumière de l'écran qui veille dans la pénombre de la chambre où elle s'endort pour rester près de sa mère, le crissement de la plume, le frottement du papier.
Parfois son sommeil est interrompu par le grondement d'une imprimante qui ne peut pas attendre le matin pour rejeter son édition si urgente.
Quels métiers cette étrange musique nocturne pourra-t-elle lui inspirer? Comment l'enfant du scribe échapperait-elle à son destin de scription ?
D'ailleurs le Capitaine elle-même n'entend-elle pas encore dans sa chair le bruit des rotatrices de l'atelier d'imprimerie de son grand-père qui a été détruit pendant la guerre, bien avant sa naissance.
Type de document : chants des griots
Auteur fictif : Griotte
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
"Entre les morceaux de la Table brisée pousse le poème et s'enracine le droit à la parole"
1. Comme je l’ai cherchée cette Table brisée dans mes initiations au Voyage, comme je l’ai languie. Sept années de silence et de contemplation. Hors langage. Hors pensée. Le plus loin possible. De la matière. Des notions d’espace, d’intérieur, d’extérieur. Il fallait s’extraire de toute relation possible au mot connu, à la parole, au signe. S’en remettre uniquement au ressenti. Ne dépendre que de la conscience, à des niveaux de plus en plus subtils. Une sensorialité abstraite qui aurait échappé aux terribles pièges de la séparation entre l’ontologique et le verbe.
Et de cet alors, comment rompre la solitude – douce trop douce? Comment rejoindre l’autre ?
Seul le poème, la métaphore, le trope. Autant de morceaux éparpillés de la Table brisée. Non comme le mal de Pandore mais comme la lumière de la création.
2. Si Moïse n’avait pas tardé, si le peuple n’avait pas douté, si Aaron n’avait pas cédé, si les premières tables n’avaient pas été brisées, alors "le mot eût été la chose" et le poème n’aurait pas existé. Que de vertus recèle l’erreur ...
"La violence du livre s’exerce contre le livre : une lutte sans merci. Ecrire serait peut-être épouser dans le verbe les imprévisibles phases de ce combat où Dieu qui est réserve insoupçonnée de forces agressives est l’indicible enjeu".
(remix Jabès)
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Référence : Edmond Jabès
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun