Tout chez vous n'est que raffinement, mon ami, délicatesse.
L'élégance vous est innée : vous ne l'avez pas acquise. Elle n'est pas davantage relative à votre époque. Elle vous est propre.
Quelle est sa part dans cet amour que je vous porte ? Amour de voyageurs. Amours épistolaires. Amour de l'ailleurs. Amour en plus. Pas en trop. Ni à côté. Ni même en marge. Constitutif, absolu et toutefois relatif.
Au Dottore Pi
Type de document : correspondances
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
J’avance. Je ne peux pas reculer. Il n’y a que l’avant, jamais d’arrière. Impossible de me retourner. Le concept même de retour ou de passé est inaccessible. Ceux d’ici l’ignorent. Comment pourraient-ils concevoir l’inconcevable.
Peut-on seulement parler de temps dans cet espace absolument linéaire où l’on est insondablement poussé en avant ?
L’arrêt et le mouvement sont les deux positions.
L’ici et l’ailleurs.
Les lignes avancent parallèles sans jamais se toucher.
Parfois une mutation, une rupture, un saut, une fissure, un effondrement, une aspiration. Pour se retrouver à côté, ni au-dessus ni en dessous, mais toujours plus loin.
Le cheminement se fait côte-à-côte sans se heurter, puis l’on se perd.
Seul le point de fuite, devant. Pas de tectonique. Pas d’axonométrie.
Des simultanéités qui s’ignorent.
Lieu de l’oubli et de l’ignorance. De la solitude et de l’espoir : « plus loin peut-être, je me souviendrai. »
Lieu de promesse : « plus loin peut-être, je serai ici et alors naîtra brièvement l’idée du passé. »
Type de document : journaux de bord
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : CL
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun