"Me rend" se traduit-il ¿ me vuelve o me torna?
Cette distinction, de la langue castillane, qui oppose "volverse" à "ponerse/tornarse" manque à la langue française.
Elle introduit la problématique de la [ permanence/impermanence ] de la transformation : Quand la modification est [ irréversible ], on emploie [ volver ] ; quand elle est [ passagère ], on lui préfère [ tornarse ] ou [ ponerse ].
Il est intéressant de noter que [ volver ] signifie par ailleurs [ revenir ], comme si un changement définitif n’était pas une évolution mais une involution, le retour à un état naturel perdu.
Pour ma part, j’ai beaucoup de mal à utiliser "volver" car je ne sais pas croire au définitif, aux jamais et aux toujours. C’est pourquoi je me joins à Mercedes Sosa pour chanter :
"Cambia lo superficial, cambia también lo profundo, cambia el modo de pensar, cambia todo en este mundo ... y asì como todo cambia que yo cambie no es extraño"
"change le superficiel, change aussi l'essentiel, change la façon de penser : dans ce monde tout doit changer ... et puisque tout change, si moi aussi je change, pourquoi s'en étonner ?"
Type de document : DJ's classes : études comparées
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Dans mes hommages – tribut à ceux qui ont contribué – comment ne pas parler prioritairement de ma sœur puisque avant même de songer aux questions de textualité, il faut se sentir concernée par l’écriture. Or puis-je ignorer que ma sœur, m’ayant précédé dans cette voie, me l’ayant ouverte, me l’ayant rendue évidente et nécessaire, a été mon premier moteur d’écriture ? Mon premier moyen aussi puisqu’elle tapait mes poèmes à la machine quand je ne savais encore ni écrire ni lire.
Ecrire fut ainsi d’abord une procuration, je déléguais l’acte à mon aînée, écoutant le cliquetis du clavier, le roulis du ruban, jalouse de ce jouet que je ne pouvais toucher, émerveillée de la dextérité manuelle qui composait une musique rythmée, satisfaite de ces signes qui conservaient mes images et sensations sur une pellicule de papier bleu. Je me souviens d’une histoire de valet de cœur et de dame de carreau qui attendaient la nuit pour mieux s’aimer en-dehors du jeu de cartes, s’incarnant dans un rouge simple mais intransigeant. Qu’avaient-ils fait du roi ?
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun