Le Seigneur des Anneaux. Les deux tours (2ème volet). Le jour de Noël. 2002.
La salle est pleine. Sur l'écran, une armée d'orques. Dans la salle une armée humaine. Transie. Tréssaillante. J'en fais partie. Je m'extraie de l'écran pour nous regarder.
Une émotion :
Ah, Monsieur Tolkien ! Quand les orques attaquent la forteresse par milliers, je pense au matin quand je me réveille, quand ma forteresse humaine est assaillie et que je dois sortir au combat.
Contre moi-même.
Contre mes monstres.
Mes chars. Mes pensées.
Mon mal qui me ronge.
Mon anneau.
Mon Gollum.
Moi aussi avec Monsieur Frodon, je veux croire que Smeagall peut reprendre le pouvoir ;
Moi aussi, pauvre Gollum, je veux croire que je peux échapper à l'emprise du mal ;
Moi aussi, comme Gandalf le Gris, je suis tombée dans le ventre de l'enfer et, dans ma longue chute, je me bats pour traverser toute l'histoire humaine et ressusciter en un être de lumière, blanc, fort et audacieux. Lutter, espérer, combattre, vaincre par un miracle qui me dépasserait.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Mon regard s'est arrêté sur ces deux grains de beauté que souvent je ne vois pas et qui parfois surgissent, explosent, ravagent.
Un souvenir.
Une blessure plus qu'un présage.
Ces deux grains de beauté par lesquels nous sommes jumeaux, ce trait d'union,
segment que toi tu portes au cou, moi à l'avant-bras,
dans un même alignement.
Alignement aussi droit que la trajectoire nécessaire au Pendule de Foucault pour établir sa preuve de la rotation de la Terre.
Je ne t'oublie pas.
Même si je ne te cherche plus.
Même si je me suis résolue.
Tu as disparu.
Tu étais là.
Tu n'y es plus.
Ou bien est-ce moi.
...
Nos mondes se sont disjoints
et nous ne pouvons plus tracer,
dans nos enlacements,
cette ligne qui poursuit la courbure de l'univers.
Incommensurabilité.
janvier 2009
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : CL
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun