faut-il le finir?

Ce livre [le bréviaire méditérranéen], faut-il le finir ?

Il suffit d’être en train de le lire. Il est comme la vie, il se lit. Il se savoure, se délecte, se déroule. Sa cadence est lente.

Méditerranéenne.

Générée par cette patience toute orientale qui sait pertinemment que le temps finit toujours par offrir la capitulation convoitée et nécessaire.

Certain de son avantage, fort, érudit, stable, protecteur, matvejevitch pierre, énumère, cite, repère, dresse des listes, sauve des patronymes, rend hommage aux philosophes et aux cartographes, aux îles et aux ports, aux estuaires et aux portulans, aux golfes et aux espars, aux marins et aux explorateurs, "leurs voyages furent difficiles, nombre d'entre eux méritent que nous mentionnions au moins leurs noms", litanie commémorative qui emporte la lecture aussi régulièrement que les vagues et qui engourdit l’esprit aussi sûrement que le soleil.

Un bréviaire de la mer du Nord eût imposé d’autres scansions.


Type de document : DJ's classes : études comparées

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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il est exact

Il est exact que -pendant quelques années- le Capitaine a oublié le Voyage, les 3 Espaces et le carnet n°7.

Il est exact, oui, si on comprend ce qu'est l'oubli. L'oubli n'est pas l'anéantissement. L'oubli enfouit. L'oubli rejaillit.

Il faut bien savoir qu'aucun Voyageur – jamais - n'oublie le Voyage.

Jamais.

Les lieux visités se confondent avec des rêves, des souvenirs de lecture non attribués, des jeux d'enfance, des hallucinations ou des transes mais ils restent quelque part dans le corps, dans l'esprit, dans les visions et quêtes. Ils grignotent, ils inspirent, ils poussent, ils reviennent lancinants, provoquer les plus étranges décisions. « Je veux voir Ceylan », disent ceux qui ont traversé la Rivière, « je suis passionné d'astrophysique », s'étonnent ceux qui autrefois allaient se percher en équilibre sur les vortex , « nous verrons les débuts de la téléportation », se plaisent à croire ceux qui atteignaient la Terre des Rêves - Kiméria - grâce à la force tranquille de leur esprit.

Le Capitaine, elle, ne disait rien, mais elle partait. Partout où la terre s'arrêtait.

Elle cherchait les shamans, les marcheurs du désert, les maîtres du souffle. Elle se préparait, à son insu, à l'Art suprême des Nœuds que certains aiment à nommer le Jeu des Perles de Verre. Mais ces certains-là ne sont pas de ses amis.

Le Capitaine ne disait rien, non, mais elle écrivait. Elle épuisait les carnets sans qu'aucun, jamais, ne lui procure de satiété.

Et comment auraient-ils pu ? Ils n'étaient pas le numéro 7.
Le numéro 7, elle l'avait oublié.


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Griotte

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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