les allumeurs

La Terre n'est pas une planète quelconque !

On y compte cent onze rois (en n'oubliant pas, bien sûr, le Cœsre), sept mille géographes, neuf cent mille businessmen, sept millions et demi d'ivrognes, trois cent onze millions de vaniteux, c'est-à-dire environ deux milliards de grandes personnes.

Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre je vous dirai qu'avant l'invention de l'électricité on y devait entretenir, sur l'ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante-deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères.

Vu d'un peu loin ça faisait un effet splendide. Les mouvements de cette armée étaient réglés comme ceux d'un ballet d'opéra.

D'abord venait le tour des allumeurs de réverbères de Nouvelle-Zélande et d'Australie. Puis ceux-ci, ayant allumé leur lampions, s'en allaient dormir. Alors entraient à leur tour dans la danse les allumeurs de réverbères de Chine et de Sibérie. Puis eux aussi s'escamotaient dans les coulisses. Alors venait le tour des allumeurs de réverbères de Russie et des Indes. Puis de ceux d'Afrique et d'Europe. Puis de ceux d'Amérique du Sud. Puis de ceux d'Amérique du Nord. Puis à la fin, ceux de l'Atlantide. Et jamais ils ne se trompaient dans leur ordre d'entrée en scène. C'était grandiose.

Seuls, l'allumeur de l'unique réverbère du pôle Nord, et son confrère de l'unique réverbère du pôle Sud, menaient des vies d'oisiveté et de nonchalance : ils travaillaient deux fois par an.

remix St Exupéry


Type de document : chants des petits griots

Auteur fictif : Griotin

Auteur réel : Antoine de Saint-Exupéry

Provenance du texte : Liste de l'éducation nationale

Référence : Le Petit Prince

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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chez élie

Prendre un café chez Élie, sur la terrasse, du mauvais côté de la place du Marché Saint-Honoré, cause circulation de voitures et vue sur le commissariat mais du bon côté cause exposition Nord-Est donc soleil le matin. Prendre un café chez Élie, tu trouveras pas moins cher dans le quartier, 5 F au comptoir, 9 F avec croissant, 20 F p’tit dej complet. Même pas le prix d’une eau chez Colette où pour pousser la porte déjà tu saignes. Prendre un café chez Élie parce que c’est chez lui. Les mégots plein par terre, les allumettes, les papiers de chocolat, le zinc en bois. Tour de manivelle, comme les bacs à bonbons des supermarchés, tu sais à l’entrée, après les caisses ou avant, ça dépend si tu mets ta pièce de 1 franc en entrant ou en sortant. (C’est dingue, c’est impérissable ce truc-là, ça traverse les générations ! Et sans changer ! La couleur, la matière, le design. Les bornes à bonbons seraient-elles les seuls vrais totems des hauts lieux sacrés de la consommation super/hyper/fun marchés ?). Un tintamarre de grains de café, océan mélangé – 14 crus différents – et des bocaux : des bocaux toscane, nuit d’été, amour absolu à Goa, des bocaux madeleines, des bocaux cacahuètes, et des paniers, des paniers brioches, pains aux raisins et mini-croissants, en sus quelques bises puissantes en plein sur le tympan. Élie ! j’ai promis que si le mercure montait à 28 ° celsius (pour avoir la correspondance en Farenheit utilise la formule suivante : tc = (tf - 32) : 1,8 ), je bronzerai sur la terrasse en bikini. En face du commissariat. On a le droit tu crois ? Élie dit que oui [ dikwi ]. Tiens, c’est drôle ça comme nom : Élie DIKWI. Prendre un café chez Élie DIKWI.


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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