Il Dottore Pi, qui est ma référence absolue en matière de sciences naturelles, m'a raconté les Epeires diadèmes : l'Epeire diadème pond, elle vide son ventre, elle fait son cocon. Elle meurt.
Le cocon est superbe. Il a une forme de montgolfière inversée et ressemble un peu - mais en plus chamarré - aux alvéoles que font les guêpes. Haubané, il est constitué de soies de natures différentes. L'Epeire diadème le tapisse d'une toile rousse très frisotée, crépue. Une bourre. Puis elle referme le tout avec un opercule.
Le dispositif est trois fois plus gros qu'elle. Elle l'abandonne, épuisée.
Et, au printemps, les œufs éclosent : à la faveur d'une variation hygrométrique, la capsule éclate et toute la bourre explose en propulsant les araignées vers l'extérieur. Elles sont alors très vulnérables. C'est pourquoi la nature a inventé, pour les protéger, un parachute ascensionnel : chaque araignée sécrète un fil de soie, ce fil de soie s'allonge et capte le moindre souffle d'air qui monte vers le haut, depuis le sol chaud. Il flotte verticalement et entraîne l'araignée qui s'envole.
On les appelle les fils de la vierge.
Il me semble me souvenir d’une légende cimmérienne où un Gardien des Nœuds, quand il décodait les tapis et clamait le Récit, s’envolait vers l’origine, la Cimmérie, sur des fils de lumières qui s’élevaient à l’infini. Le Gardien Epeire Diadème.
Type de document : DJ's classes : études cimmériennes
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Au commencement fut le Voyage. Transmigration, transmutation. Nous sommes arrivés, allégeant notre substance pour nous solidifier. Nous avons pris forme humaine. La Cimmérie n'existait plus que dans nos rêves. Nous l'avions quittée. Nous l'avions mise en sommeil, en absence, en trêve. Jachère des paysages et des pensées.
Il nous fallait connaître la matière, le temps qui coule, la mort. Il nous fallait mourir et vivre. Mourir pour vivre. Vivre pour sentir. Oser l'inconnu, le secret, l'oubli.
Type de document : DJ's classes : études cimmériennes
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun