L’île Saint-Louis et l’île de la Cité étaient - avant leur aménagement à l’âge d’or - le lieu des rendez-vous coquins, le territoire des lavandières et la retraite élue par le roi Louis IX pour ses méditations.
A l’époque, on distinguait l’îlot Notre-Dame de l’îlot Vache. Pour s’y rendre, pas de pont ! La traversée s’effectuait par bac.
Au premier tiers du 17ème siècle, Paris connut une vaste campagne de construction à laquelle nous devons le Marais et la Place des Vosges. Henri IV décida d’étendre cette politique urbaine aux îlots mitoyens.
L’entreprise fut ardue puisqu’il fallut, d’une part, combler le canal qui séparait les deux îlots et, d’autre part, pour éviter les inondations, bâtir trois niveaux de cave et de maçonnerie sur les quais nord et sud.
Le plan orthogonal de l’île Saint-Louis laisse présager du prochain classicisme versaillais (antibaroque attitude) . D’ailleurs de nombreux architectes et artistes firent leurs preuves sur l’île avant de se voir confier des travaux dans la grandiose entreprise immobilière du roi soleil.
Bien sûr, la migration de la cour à Versailles entraîna la désaffection des deux quartiers auparavant si cotés.
Signalons que les plus beaux hôtels de l’île se trouvent sur le quai nord car, au 17ème siècle, on ne s’attachait pas tant à la luminosité des pièces qu’à la préservation des précieux salons lambrissés et de leur mobilier.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Le carnet n°7, le palimpseste, n’avait ni commencement ni fin : ses textes variaient en fonction du climat, de l’histoire et du besoin. Il apparaissait et disparaissait. Se remplissait et se vidait, s’illuminait et se ternissait. Il avait attendu plus de vingt ans dans un grenier que son prochain lecteur se décidât à l’écrire.
Perce-neige prit le carnet, le posa sur son bureau, un petit coin de table complètement englouti par un écran géant, un clavier ergonomique et autres périphériques. Elle savait exactement ce qu’elle devait faire. Elle sourit. Elle ouvrit le carnet, certaine, inspirée, résolue. Et immédiatement bascula dans un autre univers, une autre galaxie.
A chaque page, elle créait une étoile. A chaque texte, un croisement. A chaque mot, un passage. Elle construisait sous ses doigts un territoire, une spatialité, un récit.
Elle façonnait des perles transparentes où la musique des verbes retrouvait celles de la matière pour inscrire des nombres dans le cœur de sa conscience.
voix II
Où était-elle, Loula ? Où partit le Capitaine ?
Dans un vortex, un ouragan, un processus, une insertion. Elle était ce tunnel même qui creuse les espaces. Elle n’était plus dans aucun lieu mais dans la mécanique du mouvement. Elle forait plus loin que le réel, plus loin que la fiction, plus loin que les chiffres. Elle arpentait ces vides suspendus qui rejoignent tous les lointains. Elle les tendaient, elle les filaient. Elle voguait aspirée par ses chants de gravitation. Elle était devenu capitaine.
voix I
Rencontra-t-elle des voyageurs ?
Elle était le voyage. Pas la destination. Aucune escale. Seule la navigation.
voix II
Mais ses ennemis, parle-nous de ses ennemis !
voix I
Et ses batailles, raconte-nous ses batailles !
D’une autre geste vous l’entendrez. Je suis Loula, la décharnée. Mes airs à moi sont des cités, des petits objets, des ravagés. Et quand le Capitaine je chante, ce n’est pas pour la chanter.
En ce qui me concerne, j’ai dit ce que j’avais à dire.
Type de document : chants des griots
Auteur fictif : Loula-Ludivine
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun