cupcakes

Robe à volants.
Mauve.
La taille est gracieuse, la silhouette se profile en arabesques,
des arabesques ébauchées en un autre temps,
un temps qui n'a jamais existé.

Un temps coloré -rose, bleu, mûre, caramel et chocolat-,
aux odeurs de beurre fondu et de génoise bombée.

Elle virevolte entre le robot ménager et le four,
douille en main et spatule à la ceinture.
Elle dresse le glaçage et chante des airs de music hall.
Sa voix de soprane navigue,
elle plonge dans les graves du swing,
elle se dédouble, s'élance et se sublime.

Cette nuit,
elle n'en avait pas dormi :
l'aventure alchimique l'attendait...

Elle était prête à tout,
à marcher dans la ville enneigée pour dénicher de la crème de tartre et du bicarbonate, à tourner, œuvrer, battre, monter et bain-mariner, à s'isoler loin des messageries instantanées —,
elle était prête à mobiliser tout ce qu'elle était
mais elle devait finir cette journée avec
une fournée de cupcakes bigarrés
digne de Terry Gilliams, de Wes Craven,
de Dave McKean, de Caro et de Jeunet.
Quelque chose en dépendait, elle le sentait, elle le sent,
Quelque chose de vrai

Moi, je suis au spectacle.
Dermiquement et attentivement.
Je hume, j'écoute,
je dérobe une scène,
j'exulte.

Dans la pâtissière, je vois une reine,
une orfèvre du rêve,
une artiste,
une peter pan du 12e,
une révolutionnaire du réel,
une avant-gardiste du multiplexage enchanté,
une tisseuse des espaces entremêlés...


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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la Spacieuse

Nous parvînmes enfin en cette contrée qui a reçu le nom de presqu'île "Spacieuse", où pousse l'arbre à camphre, dont l'ombre peut servir à cent personnes et plus. Lorsque les habitants de la région veulent recueillir le camphre, ils s'emparent d'une lance bien effilée et en piquent les hautes branches de cet arbre, d'où s'écoule un liquide qui ressemble à du lait mais qui se coagule en descendant le long des branches. Cette gomme n'est donc que la résine de l'arbre : on en remplit de nombreuses jarres dont le contenu distillé donne ensuite l'huile de camphre, qui a elle même l'aspect de la gomme. Une fois que l'arbre a épuisé tout son suc, il se dessèche et on le transforme en bois à brûler.

Dans certains lieux de cette presqu'île se peut encore rencontrer l'animal communément appelé rhinocéros. Il porte au milieu du front une corne unique et recourbée, longue d'une coudée et large d'une main. L'intérieur de cette corne, si on la fend de haut en bas, révèle une figure étrange qui en occupe toute la longueur et dont la couleur est blanche sur fond noir. Elle évoque parfois la silhouette d'un homme, parfois celle d'un animal. On raconte que les habitants de la Chine l'achètent à un bon prix et en font confectionner des ceintures qui se vendent chacune mille pièces d'or. Des Voyageurs qui ont parcouru les montagnes de cette province affirment que le rhinocéros est capable, d'un seul coup de corne, d'embrocher un mulet et de le transporter ainsi en le laissant agoniser à la pointe de son museau. Tout en broutant l'herbe, il supporte cette charge supplémentaire sans avoir l'air le moins du monde incommodé par son poids. Encore lui faudra-t-il parvenir à s'en débarrasser à un moment ou à un autre: il arrive que par les grandes chaleurs, la graisse de la victime embrochée fond et aveugle les yeux de l'embrocheur, le conduisant à sa perte ; car il se déplace souvent en montagne et le moindre précipice lui devient ainsi fatal. D'autres fois, n'arrivant pas à se défaire de l'animal encorné et désormais incapable de suivre sa route, il ne lui reste plus qu'à se coucher sur le sol et à attendre que l'oiseau Rokh avise la charogne qui l'encombre, et s'en empare pour aller au loin en nourrir ses petits.

Il m'a encore été donné de voir, toujours dans cette même presqu'île, des buffles dépourvus d'oreilles, et biens d'autres choses encore ; car les montagnes, les vallées et les promontoires de cette région regorgent de bizarreries et de merveilles que l'on serait bien en peine de trouver dans les contrées où nous habitons.


Type de document : journaux de bord

Auteur fictif : Humby Humboldt

Auteur réel : Inconnu

Provenance du texte : Liste de l'éducation nationale

Référence : Sindbad le marin

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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