version abrégée du Code de la Création

NOUVEAU CODE PANNATIONAL DE LA CREATION
[version abrégée — extrait ]

Croissance — Confort – Culture — Information

Article 1 - liberté de créer
Conformément au droit naturel de l’homme à la liberté d’expression, tout citoyen peut pratiquer un art dans les limites déterminées par la loi.

Article 2 - droit à l’activité artistique
La culture et l’art constituant les fondements de la société pacifique de libre consommation, d’information et de culture, tout citoyen a le droit d’exercer un loisir artistique dans un organisme de formation, de distraction, de thérapie ou de culte accrédité.
Hors des lieux accrédités, le loisir artistique n’est autorisé que s’il est exercé de manière privative et à la condition absolue de ne pas être destiné à la diffusion ou à la représentation.

Article 3 - libre diffusion des œuvres accréditées
En application du droit de la propriété intellectuelle, a•n de maintenir l’ordre public pannational, afin de préserver la valeur ajoutée des productions professionnelles mises en péril par la prolifération des ouvrages réalisés par les non-professionnels, et afin de stimuler la consommation et la croissance garantes de la paix mondiale, les artistes professionnels ou en formation accrédités par le XIU peuvent produire leurs œuvres, les rendre publiques, les diffuser et les vendre.
Les ouvrages des non-professionnels, en tant que distractions créatives, doivent rester strictement privés et sont interdits de représentation ou de diffusion publiques, d’écoute, de lecture, de circulation, d’exposition et de téléchargement, de vente ou d’achat.
Des accréditations exceptionnelles de circulation, de diffusion et de vente peuvent être octroyées aux artistes amateurs pour les réalisations artistiques dont les projets auront été préalablement approuvés par le Haut Commissariat des Affaires Culturelles.

article 4 - défense du droit d’auteur
Afin de défendre les droits d’auteur mis en péril par la diffusion et la reproduction, seuls les organismes patentés peuvent diffuser et vendre des œuvres artistiques accréditées. En dehors du cadre légal, la diffusion et la vente ainsi que la consultation et l’achat des œuvres artistiques accréditées constituent des délits sanctionnés par les articles 67.4.1, 67.5 et 67.5.1 du C.A.M 95.

article 5 - libre promotion des biens et services de consommation
En application du droit panconstitutionnel à la libre concurrence internationale et du droit panconstitutionnel à l’information, en vue de garantir l’Effort Commun de Croissance et compte tenu que la publicité constitue une force de vente déclarée d’Intérêt Général, la promotion des biens, services, entreprises, organismes et événements accrédités par le XIU est libre de toute régulation, contrôle ou censure.

article 6 - liberté du commerce et de l’artisanat
Conformément à l’Effort Commun de Croissance et au droit panconstitutionnel à la libre concurrence, la production et la vente libres d’objets artisanaux à usage domestique, de jeux et d’accessoires de mode sont autorisés.


Type de document : XIU : codes officiels

Auteur fictif : Anonyme

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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les deux leurres

Les deux leurres du bréviaire

1. Comme un bottin, le bréviaire recense. Genre sec, apparemment froid et détaché, il entasse avec rigueur des informations anodines ou essentielles, des mots, des idées, des noms propres et communs, des dates, des sottises, tout.

Or, paradoxalement, l’effet produit par cette effusion de vocables exotiques, difficiles, inaccessibles, étranges, étrangers ou simplement exhaustifs, s’apparente à l’abandon langoureux et primitif éprouvé dans l’écoute de la musique ou de la poésie. La rationalité dépecée et systématique du bréviaire engendre un sentiment nourricier, un sommeil hypnotique et ronronnant, un entendement non intellectuel, une appréhension et une cognition sensorielles, hors du rationnel, et qui sont étrangères à la pensée articulée.

Le bréviaire, c’est le détournement baroque du langage classique, c’est le débordement réticulaire de l’écriture linéaire, c’est le champ du signe de la littérature ou plutôt son chant des baleines.

La différence entre le chant du cygne et le chant des baleines étant la qualité qui distingue les sirènes des saint-bernards, les premières ayant pour fonction de perdre le navigateur qui connaît sa route et les seconds ayant pour vocation de sauver le voyageur qui a perdu la sienne.

2. Comme un guide pratique, un dictionnaire ou un volume de référence, le bréviaire dresse un inventaire d’informations. Instructif et documentaire, il aborde un "objet" donné sous des angles divers et complémentaires.

Or, paradoxalement, les données rapportées au lieu de livrer cet objet le rendent de plus en plus mystérieux : d’anodin il devient insaisissable et secret, presque sacré. Finalement, le seul objet que nous semblons rencontrer et découvrir, le seul "objet" qui nous soit dévoilé est "l’auteur" : le bréviaire trahit ses limites et ses organisations, ses liens et ses associations, ses connaissances et ses lacunes, ses envies et ses peurs, ses accointances et ses sursauts, ses désirs et ses obsessions.

L’objet apparent du bréviaire n’est qu’un pré-texte à l’exploration et à l’exposition du système cohérent de signifiants à l’intérieur duquel se positionne son compilateur. Ainsi, la fonction véritable du bréviaire ne s’assimile en aucun cas à l’information mais au récit : celui de l’organisation cosmogonique du rédacteur dans ses choix d’inscription au sein du réel, de l’imaginaire et du langage ; celui de la rencontre fondamentale de l’altérité dans l’écart révélateur des dire et des taire.


Type de document : DJ's classes : récits variables

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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