De moi, je ne connais que ma main. Droite. Qui tient la plume.
Et la gauche. Qui porte la pomme - jaune, orange ou rouge mais jamais verte - à ma bouche.
J'éprouve également une réelle familiarité pour le bout de mon nez qui occupe toujours une fraction de ma vision.
J'aperçois mes jambes, évidemment. Mais sous un angle peu significatif.
Quant à mes pieds, j'ai tendance à les oublier. Toutefois, je les identifie clairement.
En revanche, je ne sais rien de ma silhouette.
Si. Peut-être. Quand j'observe mes habits suspendus.
Comme un phénomène de déjà-vu...
Mais toi, Loula, je te vois. Tu ne me ressembles pas.
Type de document : minutes des mémoires absolues
Auteur fictif : Les Greffiers
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : CL
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Oui, dans mes carnets je dialogue.
Avec des auteurs, des personnages, des lecteurs, moi, le Scribe, Dottore Pi, Sgarideni, les autres.
Mes carnets sont le lieu de ma vie car ils sont le lieu de ma communication.
Lorsque je parle, mon éloquence est distance. L'art du discours protège du contact. Plus je me revèle à l'oral, moins je dis l'essentiel.
La seule intimité que je connaisse est silencieuse et tactile : contemplation, sexe ou correspondance.
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : 1
Textes satellites : aucun