ma sœur

Dans mes hommages – tribut à ceux qui ont contribué – comment ne pas parler prioritairement de ma sœur puisque avant même de songer aux questions de textualité, il faut se sentir concernée par l’écriture. Or puis-je ignorer que ma sœur, m’ayant précédé dans cette voie, me l’ayant ouverte, me l’ayant rendue évidente et nécessaire, a été mon premier moteur d’écriture ? Mon premier moyen aussi puisqu’elle tapait mes poèmes à la machine quand je ne savais encore ni écrire ni lire.

Ecrire fut ainsi d’abord une procuration, je déléguais l’acte à mon aînée, écoutant le cliquetis du clavier, le roulis du ruban, jalouse de ce jouet que je ne pouvais toucher, émerveillée de la dextérité manuelle qui composait une musique rythmée, satisfaite de ces signes qui conservaient mes images et sensations sur une pellicule de papier bleu. Je me souviens d’une histoire de valet de cœur et de dame de carreau qui attendaient la nuit pour mieux s’aimer en-dehors du jeu de cartes, s’incarnant dans un rouge simple mais intransigeant. Qu’avaient-ils fait du roi ?


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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déesse chimère

Petit jeu :
J'imagine …

Des chercheurs d'un autre monde, observent Paris, l'étudient. Période : 2001-2002-2003-2004-2005. Et ils tirent les conclusions suivantes:

"Les Parisiens vouent un culte public et absolu à une déesse chimérique,
mi-léopard — mi-papillon — hermaphrodite — menthe religieuse — guenon au pagne d'or — Sainte Vierge en Assomption.

Suivant les saisons, elle invoque des rites commerciaux différents et convoque ses ouailles dans un temple en forme de galeries.

Son culte implique qu'on la consomme sous forme de petits œufs noirs de poissons, double héritage chrétien [symbole archaïque du christ, d'une part, et hostie, de l'autre].

En convolant dans l'allégresse avec un géronte, cette déité promet une vigueur sexuelle absolue à tous les hommes. Mais, paradoxalement, elle menace ceux qu'elle aguiche de deux longs pics pointus qui couvrent ses seins, révélant ainsi le tabou absolu du corps féminin qui est dénudé pour mieux être prohibé.

Ce culte semble emporter l'assentiment général car l'espace public dans son entier est voué - sans protestation ni soulèvement - à l'adoration de cette figure païenne ."


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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