et alors

Voix I : Perceneige revient.

Voix II : Elle a retrouvé le chemin.

Voix I : Elle n'est pas seule. Avec elle, une petite fille.

Voix II : Perceneige revient et elle se souvient.

Voix I : Elle se souvient de sa mère.

Voix II : De leur vie dans cette maison.

Voix I : De la façon dont se vivait le temps.

Voix II : Elle se fige. Elle est transie.

Voix I : Et l'enfant ?

Voix II : L'enfant n'a pas de souvenirs, que de la curiosité.

Voix I : Elle lâche la main de Perceneige et s’élance.

Voix II : s'éparpille.

Voix I : Elle va là où Perceneige ne peut plus aller.

Voix II : ... ne sait plus...

Voix I : Que voit-elle, dis-moi ? Que voit-elle là où Perceneige ne sait plus aller...

Voix II : Elle voit ce que peu savent voir. Elle touche ce que peu savent toucher.

Voix I : Le numéro 7 ?

Voix II : Quelle évidence.

Voix I : Et après ?

Voix II : Après ?

Voix I : Oui : et après ?

Voix II : Non, pas « après » : « alors », « et alors ». Alors, elle se souvient.

Voix I : Elle n'a pas ouvert le carnet tout de suite.

Voix II : Elle a attendu.


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Voix I & Voix II

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

> changer les liens

déesse chimère

Petit jeu :
J'imagine …

Des chercheurs d'un autre monde, observent Paris, l'étudient. Période : 2001-2002-2003-2004-2005. Et ils tirent les conclusions suivantes:

"Les Parisiens vouent un culte public et absolu à une déesse chimérique,
mi-léopard — mi-papillon — hermaphrodite — menthe religieuse — guenon au pagne d'or — Sainte Vierge en Assomption.

Suivant les saisons, elle invoque des rites commerciaux différents et convoque ses ouailles dans un temple en forme de galeries.

Son culte implique qu'on la consomme sous forme de petits œufs noirs de poissons, double héritage chrétien [symbole archaïque du christ, d'une part, et hostie, de l'autre].

En convolant dans l'allégresse avec un géronte, cette déité promet une vigueur sexuelle absolue à tous les hommes. Mais, paradoxalement, elle menace ceux qu'elle aguiche de deux longs pics pointus qui couvrent ses seins, révélant ainsi le tabou absolu du corps féminin qui est dénudé pour mieux être prohibé.

Ce culte semble emporter l'assentiment général car l'espace public dans son entier est voué - sans protestation ni soulèvement - à l'adoration de cette figure païenne ."


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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