Quelle que soit la langue qu'il parle, quand un Cimmérien dit "je", il pense "je suis".
Car pour un Cimmérien, le préalable à la parole est la conscience et la conscience génère l'existence.
Dire "je suis" est donc - pour un Cimmérien - une tautologie orgueilleuse car qui peut dire "je suis celui qui suis" en dehors du "Grand Je" ? Du sujet qui est soi-même ? De l'ergo sum qui sum ? De l'ipsum esse. Du Récit lui-même.
Cette conception du "sujet" grammatical se répercute sur toute la construction de l'énoncé, le verbe ne pouvant plus jamais être verbe mais étant toujours un attribut : "je parle" devient "je suis le parler", "je sens" deviens "je suis le sentir", "je suis triste" devient "je suis le triste".
Glissement cohérent puisque les Cimmériens ont choisi de migrer sur les Terres manifestées pour faire l'expérience de la matière, de la sensation, des émotions.
La contrepartie de cette difficulté ontologique du Cimmérien à énoncer "je suis" peut donner lieu à des désordres de tout ordre et participe sans doute à la difficulté du Cimmérien à s'intégrer dans les jeux sociaux ainsi qu'à défendre ses intérêts.
Type de document : DJ's classes : études cimmériennes
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Si tu veux, faisons un rêve.
Montons sur deux palefrois ;
Tu m'emmènes ; je t'enlève ;
L'oiseau chante dans les bois.
Je suis ton maître et ta proie ;
Partons, c'est la fin du jour ;
Mon cheval sera la joie,
Ton cheval sera l'amour.
Nous ferons toucher leurs têtes ;
Les voyages sont aisés ;
Nous donnerons à ces bêtes
Une avoine de baisers.
Type de document : vers
Auteur fictif : P'tit Gars
Auteur réel : Victor Hugo
Provenance du texte : Liste de l'éducation nationale
Référence : Poèmes choisis
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun