leurre

— « Vous devriez vous occuper de cette affaire, Sgarideni. Tout porte à croire que le capitaine L. se déplacera en repérage à Noisy-le-Grand avant le colloque. »
— « Au contraire, si elle prépare une campagne de spamming, elle n’a pas besoin de se déplacer. »
— « Vous connaissez son mode opératoire : elle écrit tout. Elle prend des notes, rédige des chroniques et les diffuse en toute illégalité. Surtout quand elle essaime l’existence des 3 Espaces et du Voyage dans un de nos fiefs. Elle veut nous narguer. Elle s’amuse. »
— « Oui, mais cette fois c’est différent. Nous avons pu déchiffrer 75 caractères dans le message. Or, d’ordinaire, si nous déchiffrons 75 caractères, nous sommes capables de déchiffrer l’intégralité. Mais là, non. 75 caractères et rien de plus. Je pense que StreetForce a voulu que nous décodions ces informations-là, et celles-là seulement. Il s’agit sans doute d’un leurre. Ils veulent détourner notre attention. Ils se doutent que si le capitaine L. est impliquée, vous allez m’envoyer sur les lieux. Ils veulent me mettre hors circuit pendant qu’ils avancent vers une nouvelle piste menant au Gardien.
— Tant que vous n’avez pas de preuves plus solides à m’apporter, je maintiens mon ordre. Postez-vous à Noisy-le-Grand et surveillez le passage qui mène à Louis-Lumière. Pour ma part, je me rendrai au colloque. »


Type de document : minutes des mémoires absolues

Auteur fictif : Les Greffiers

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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forêt australe

Ce jour-là, je voulais juste me promener mais on ne pénètre pas dans la forêt australe comme on le ferait dans nos bois paysagés.

On s'arrête.

On pense aux reptiles, aux arachnides, aux insectes et à leurs morsures létales.

Comment ne pas s'arrêter ? Je voulais m'assurer d'être accueillie et préservée.

Et la forêt m'a parlé. Elle m'a répondue. Elle m'a apaisée. Elle m'a guidée.

Je me sentais si démunie : je n'avais pas emporté mon armure d'encre et de papier, cet intermédiaire qui filtre mon vécu. Je ne pouvais pas figer l'expérience, l'arrêter, la vider de sa puissance, pour l'épingler, comme un papillon, dans le cadre de mes écrits. Je devais entendre dans ma peau, dans mes os, l'invitation de la Terre.

J'avais vingt ans.

Certains passent leur vingt ans dans la trépidation des boîtes à rythmes, d'autres cueillent des champignons bleus ou construisent quelques fondations bien solides, moi je suis simplement entrée dans cette forêt.

Je n'ai pas tout su du voyage. Pas immédiatement. Mais j'ai entrevu un possible.

Je dois te le dire : tu viens de là. De cette conversation originelle. De cette orée-là.

à sa fille


Type de document : correspondances

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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