"L’écrivain n’est personne. Je suis absent car je suis le conteur. Seul le conte est réel."
Je ne lis que pour écrire / je ne regarde que pour écrire / je ne parle que pour écrire / je n’écoute que pour écrire / je ne médite que pour écrire [et] je ne pense qu’en écrivant [en revanche ] je touche pour toucher / je goûte pour goûter / j’embrasse pour embrasser / je caresse pour caresser / je donne pour donner.
Mon espace à l’autre est la peau, seulement la peau, les lèvres, le corps / tout le reste m’est repris, saisi, volé dans l’écriture/ dans mon odyssée / même mon amour [je l’accepte car] j’ai uniquement l’impression d’exister lorsque j’écris [pourtant c’est faux] j’existe quand je suis lue/ celle qui existe est donc d'ores et déjà une absence, un geste passé, un passage / pas moi / moi je suis ailleurs et alors qu’importe d’avoir écrit et d’avoir été lue ?
(remix Jabès)
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Référence : Edmond Jabès
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Quand il est arrivé sur le quai du TGV, le projecteur s'est allumé. J'ai cru voir Gérard Lanvin dans la Belle Histoire. Pas en prophète : en explorateur. Si beau que j'en étais gênée. Et ses yeux. Ses yeux atlantique. Bleus. Sans bord. Évidemment.
Je n'aurais jamais dû lui parler. Le retenir. Le chercher.
Rencontré sur un quai, il n'était pas un voyageur. Il n'était qu'un passant, maître dans l'art des illusions.
Me reste toutefois la nostalgie de celui qu'il prétendait être, qu'il n'était pas, et que j'aurais pu aimer.
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun