Un Topos est une spatialité textuelle "élémentaire".
"Elémentaire" comme le feu, la terre, l’air ou l’eau.
"Elémentaire" comme le langage ou le son.
Les réseaux qui constituent un Topos ne sont pas des plateaux : la topographie d'un Topos dépasse les trois dimensions. Le terme de plateau serait géométriquement réducteur.
Ces réseaux sont inachèvement, motricité, "mouvements élémentaires". A l’image des flammes du feu, des vents aériens, des vagues de l’océan ou – plus précisément encore - des dunes de sable.
Ces réseaux-dunes [rézodunes] se forment à partir de courants, de perspectives infinies de signifiance : des thèmes, des champs sémantiques, des associations évocatrices, des constructions syntaxiques, des sonorités, des rythmes, des images, des jeux de transcription numériques et mathématiques, des tonalités et des styles, des lignes narratives, des contraintes, des couleurs etc.
Comme les dunes de sables, les rézodunes se déplacent, emportés par leurs courants pour former de nouvelles configurations à partir d'un même sable. "Même sable" car son expansion ne l'altère pas, elle le régénère.
On peut comparer ces courants aux "lignes de fuite" décrites par Monsieur Deleuze dans les procédés rhizomatiques de "déterritorialisation" et de "reterritorialisation". Mais, plus simplement et justement, il serait intéressant de les rapprocher du mécanisme de "fugue" dans l’épopée traditionnelle.
Il arrive que les critères de perspectives propres à certains rézodunes s’infiltrent, modifiés et secondaires, dans d’autres rézodunes.
Ce processus est progressif, presque vivant. Il prend place dans le temps de la constitution d'un Topos. Dans sa progression. Dans l'émergence de ses différentes représentations variables. Dans la création chronologique de ses éléments.
Les courants sont la force [au sens des sciences physiques] du remix.
Il est également possible de les comparer au procédé d’anamorphose.
Toutefois, le rézodune est un phénomène, une animation. Il ne décrit pas la constitution d'un Topos qui serait idéalement symbolisé par le mycélium.
Type de document : DJ's classes : récits variables
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Voix I : Perceneige revient.
Voix II : Elle a retrouvé le chemin.
Voix I : Elle n'est pas seule. Avec elle, une petite fille.
Voix II : Perceneige revient et elle se souvient.
Voix I : Elle se souvient de sa mère.
Voix II : De leur vie dans cette maison.
Voix I : De la façon dont se vivait le temps.
Voix II : Elle se fige. Elle est transie.
Voix I : Et l'enfant ?
Voix II : L'enfant n'a pas de souvenirs, que de la curiosité.
Voix I : Elle lâche la main de Perceneige et s’élance.
Voix II : s'éparpille.
Voix I : Elle va là où Perceneige ne peut plus aller.
Voix II : ... ne sait plus...
Voix I : Que voit-elle, dis-moi ? Que voit-elle là où Perceneige ne sait plus aller...
Voix II : Elle voit ce que peu savent voir. Elle touche ce que peu savent toucher.
Voix I : Le numéro 7 ?
Voix II : Quelle évidence.
Voix I : Et après ?
Voix II : Après ?
Voix I : Oui : et après ?
Voix II : Non, pas « après » : « alors », « et alors ». Alors, elle se souvient.
Voix I : Elle n'a pas ouvert le carnet tout de suite.
Voix II : Elle a attendu.
Type de document : chants des griots
Auteur fictif : Voix I & Voix II
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : CL
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun