Le Jeu des Perles de Verre n'est pas un jeu. Ce n'est pas un art non plus. Ni même un voyage.
Le Jeu est l'accomplissement de notre identité. La découverte des potentiels de notre perception, de notre conscience, de notre attention. Il met en œuvre des organes internes et subtils. Des vortex naturels qui agissent au-delà du physique, au-delà du métrique.
Mais attention : le Jeu n'est pas non plus une spiritualité. Il n'y a pas de "secret", de "vérité" ni de "divin" dans les six faces des 3 Espaces. Et le Père de tous les récits n'est pas Dieu.
Le Jeu est simplement un exercice cognitif qui nous fait basculer entièrement - et pas seulement mentalement - dans d'autres niveaux de réalité. Les vortex internes sont aussi naturels que les yeux ou les jambes. Tout le monde les possède. Tout le monde est capable de les activer. Ils ne font pas de nous des princes ni des élus.
Voyager ne nous rend pas meilleurs.
Voyager est une responsabilité. Envers nous-mêmes. Une responsabilité qui exige que nous ne perdions pas le souvenir de notre origine. Nous sommes des habitants d'Erel. Nous ne sommes pas des Kimériens ni des Numériens. Nous habitons dans un monde matériel où l'imaginaire et la raison nourrissent le réel.
Et si Kiméria et Numer sont des espaces tangibles, ils ne sont pas matériels pour autant. Ils sont tangibles car, lorsque nous les pénétrons, nous devenons aussi immatériels qu'eux. Nous entrons en harmonie avec leur densité.
Type de document : DJ's classes : l'art du voyage
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Tous les matins, je prends mon petit-déjeuner en compagnie d’un philosophe. Je ne supporte personne d’autre, ni ma fille, ni mes amants, ni ma sœur, ni les poètes, ni les romanciers, ni les chroniqueurs.
Je sais pertinemment que cette petite demi-heure [qui oscille entre 15 et 60 minutes] ne me permettra jamais de rattraper toutes les années de lecture que j’ai manquées en sacrifiant mes études aux pérégrinations humaines et géographiques. Tout juste pourrai-je satisfaire un soupçon de curiosité intellectuelle.
J’ai appris à m’en contenter et, d’une certaine manière, à m’en réjouir : je garde ainsi la candeur heureuse des ignorants qui considèrent comme un privilège d’arriver à lire une page, un chapitre, un ouvrage. Je ne serai jamais une érudite blasée et correcte, je pétillerai toujours de l’ingénu enthousiasme des profanes.
D’autant plus que j’ai la fâcheuse habitude d’oublier ce que j’étudie. Je me l’approprie [j’en fais mon humus, mon terreau, mon magma] mais je suis incapable de le restituer. Est-ce là, la différence entre un artiste et un savant ?
Quoiqu’il existe sans doute beaucoup d’artistes savants et que je n’ai jamais revendiqué le statut d’artiste, tout au plus celui d’artisane, mon dernier "breakfast" philosophe ne fut pas le moindre [last but not least], il a été un des mentors de cette odyssée [Monsieur Virilio].
2001
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun