Quand j'achète un carnet, j'ignore quel sera son usage.
Des mois, des années plus tard, je le retrouve, le sors de son cellophane ou de son empaquetage en papier de soie, en papier kraft, en papier blanc. Je me souviens alors de Vigevano, de Verone, de Sydney ou de Valparaiso et je pense à celle que j'étais, à celle que je suis, à mes visions d'alors, à mes conquêtes depuis.
Caché dans un tiroir secret, j'ai gardé ce carnet de lin noir que vous m'avez cousu. Dieu seul sait quand je l'écrirai. Et vous n’ignorez pas combien il m'est rare de parler de Dieu.
Au Dottore Pi
Type de document : correspondances
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Je sors du cinéma. J’ai quitté la salle avant la fin du film. Je ne reste plus dans les cinémas coûte que coûte. Vaille que vaille. Quand je m’ennuie, quand c’est mauvais, quand ça m’irrite : je quitte la salle.
Un critique a demandé au réalisateur : "comment faîtes-vous pour que vos acteurs soient si bons ?". Réponse du cinéaste : "je leur demande d’articuler". Pour articuler, ils articulent ! ils ne font même que ça.
Je sors du cinéma par la porte St Eustache et je vais rue Montorgueil boire un café. Je choisis une brasserie qui sert du Segafredo. C’est le meilleur (non, je me trompe à chaque fois : c’est Illy le meilleur). Je m’installe sur la terrasse. Il est presque six heures. Il fait bon. C’est l’été indien : nouvelle saison.
Avant : à la rentrée (vous en souvienne) on portait des manteaux.
Maintenant : tout juste si on sort le gilet.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun