Neruda mythique, tu crées les mythes à venir et les mythes oubliés. Tu rends à la terre américaine ses lettres que l’oralité aurait pu lui dérober dans son inexorable agonie.
Toi seul a chanté l’épée incandescente qui brûlait pour protéger le paradis et empêcher Rhodo, le dernier homme, et Rocia, la première femme, de devenir immortels.
Il fuyait les grandes dévastations qui avaient décimé l’humanité, décidé à fonder un royaume de solitude ; elle était l’unique survivant/e de la cité des Césars, légendaire Eldorado austral.
La fable et la réalité avaient échoué, succombé. Il ne restait plus que le minéral et l’animal dans un espace glacé et enneigé.
C’est alors que – là où la planète se rompt - Rhodo et Rosia se rencontrent, s’aimantent et s’acceptent.
A la puissance de leur corps à corps, ils creusent un tunnel large comme la vie et reconquièrent l’éden.
Grâce à toi, le poète, ils sortent vainqueurs de ce combat contre dieu et contre la mort.
Tu as écrit cette rhapsodie en une série de textes autonomes qui – lus l’un après l’autre – relatent l’histoire de la reconstruction de l’humanité et – pris au hasard – retentissent comme un hymne à l’élémentaire, à l’amour, à l’humain, aux terres magellanes.
Sans aucun doute ta chanson de geste me hante.
Sans aucun doute, c’est elle que je cherche désespérément à écrire.
Sans aucun doute, la structure de cette épopée inspire la construction du "récit variable".
Tu es le seul instigateur de cette odyssée.
A Pablo Neruda
Type de document : correspondances
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Le bruit du papier kraft qui empaquette le savon de marseille à la lavande acheté dans l'échope mystérieuse de la rue Molière.
Deux vendeuses placides - deux sœurs ? - assises dans la pénombre entre les tasses de porcelaine, les ours en peluche et les boîtes banania.
Et les rangées de savon de Marseille. À la fleur d'oranger, à la vanille, au jasmin, à la cannelle. Rose, brun, blanc, violet.
Il Dottore Pi m'accompagne. Il est de passage dans notre époque. Il plaît aux tenancières.
Un passage n'est pas très loin… Je le sens…
Type de document : carnets du jeu
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun