leurre

— « Vous devriez vous occuper de cette affaire, Sgarideni. Tout porte à croire que le capitaine L. se déplacera en repérage à Noisy-le-Grand avant le colloque. »
— « Au contraire, si elle prépare une campagne de spamming, elle n’a pas besoin de se déplacer. »
— « Vous connaissez son mode opératoire : elle écrit tout. Elle prend des notes, rédige des chroniques et les diffuse en toute illégalité. Surtout quand elle essaime l’existence des 3 Espaces et du Voyage dans un de nos fiefs. Elle veut nous narguer. Elle s’amuse. »
— « Oui, mais cette fois c’est différent. Nous avons pu déchiffrer 75 caractères dans le message. Or, d’ordinaire, si nous déchiffrons 75 caractères, nous sommes capables de déchiffrer l’intégralité. Mais là, non. 75 caractères et rien de plus. Je pense que StreetForce a voulu que nous décodions ces informations-là, et celles-là seulement. Il s’agit sans doute d’un leurre. Ils veulent détourner notre attention. Ils se doutent que si le capitaine L. est impliquée, vous allez m’envoyer sur les lieux. Ils veulent me mettre hors circuit pendant qu’ils avancent vers une nouvelle piste menant au Gardien.
— Tant que vous n’avez pas de preuves plus solides à m’apporter, je maintiens mon ordre. Postez-vous à Noisy-le-Grand et surveillez le passage qui mène à Louis-Lumière. Pour ma part, je me rendrai au colloque. »


Type de document : minutes des mémoires absolues

Auteur fictif : Les Greffiers

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

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Gaston

Très très cher Monsieur Bachelard, que jamais je ne saurais appeler Gaston, en ma jeunesse vous avez nourri mon esprit, vous l’avez formé, et aujourd’hui, quinze ans plus tard, quand je relis vos textes, surprise de tant de connivences, je m’interroge devant le soulagement de mon être [satisfaction, satiété] :

J’ignore si vous articulez toutes les intuitions qui en moi tentent de s’exprimer ou si j’ai appris à appréhender le monde à travers le canal, le prisme, de votre pensée ;

Qu’il s’agisse :

* de la distinction entre l’homme pensif et le penseur [je suis une femme pensive, c’est certain, absolument pas une penseure] ;
* de la motivation éminemment chimérique du progrès et non de son utilité ;
* du refus du réalisme et du modèle représentatif ;
* de la méfiance envers le naturalisme à l’image référentielle trompeuse ;
* de cette vision architectonique de la science où le savant ne découvre jamais rien mais systématise toujours un peu mieux [ la science est un récit variable ] ;
* de votre éloge ininterrompu de la rêverie, ou plutôt des rêveries, que j’ai explorées des années durant dans mes retraites, ermitages et voyages ;
* de l’importance de remettre en question ce que l’on pense pour acquis, prouvé ou obvie et de la capacité d’autodérision qui conditionne une telle démarche ;
* de votre refus primordial de l’ontologie métrique [ "on ne connaît que ce qu’on mesure" - autre tentacule du monstre réaliste ] et de votre défense acharnée de "l’approximationalisme" [ le traitement impressionniste que le récit variable applique à un sujet - des petites touches éparses et évocatrices reliées par hypertexte – en est une application directe ] ;
* de votre dénonciation de l’illusion du commencement [ "le début n’est pas un commencement" ],
* de l’élaboration de la pensée qui ne se bâtit que contre ou malgré ;
* de votre défense d’une épistémologie de la pluralité, d’une solidarité inter-conceptuelle, de l’inter-rationalisme, du "cogitamus" et non du "cogito" ( jusque dans la relation parents-enfants), de l’importance de la controverse ;
* de votre fascination pour les vertus imaginatives et thérapeutiques des quatre éléments [air-terre-feu-eau] et de votre psychologie …

A Gaston Bachelard


Type de document : correspondances

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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